Salut! Je m’appelle Moyra, j’ai dix-sept ans, j’habite à Genève.
L’art, pour moi, c’est une façon libre de s’exprimer.
J’ai rendez-vous avec une œuvre d’art au Musée d’art et d’histoire de Genève. Tu viens?
MOYRA:
Bonjour. J’ai rendez-vous avec une œuvre de Richard Lang qui s’appelle “Geneva Circle One”: oú est-ce que je peux la trouver?
ACCUEIL DU MUSÉE:
Il vous suffit simplement d’entrer dans cette salle, à votre droite: la Salle Palatine.
Merci et bonne visite!
MOYRA:
J’entre dans une grande salle et je vais essayer de trouver mon œuvre. Il me semble que je l’ai trouvée. Je vois un grand cercle au sol avec plein de fragments de pierre grise, plus ou moins claire ou foncée. C’est une œuvre que je trouve plutôt originale car elle se trouve au sol. C’est pas du tout un tableau, une sculpture comme j’ai l’habitude de voir. Je trouve qu’elle est aussi très grande; elle prend beaucoup de place.
Je lis la notice: cette œuvre a été réalisée en 1987. C’est une installation en granit du Valais. Il y a soixante-deux dalles et son diamètre est de 500 centimètres. Ça s’appelle “Geneva Circle One”
de Richard Long.
Alors déjà, ça me donne le nombre de dalles. Je pensais qu’il y en avait moins que soixante-deux. Je pensais, peut-être, quarante. J’aime bien le fait qu’il ait utilisé de la pierre de l’endroit même. Même si c’est le Valais et pas Genève, je trouve que c’est très intéressant. C’est un cercle très irrégulier; mais je trouve que c’est ce qui fait sa beauté quelque part. Et puis j’ai l’impression que que c’est fragile, dans le sens où tout est mis d’une façon très spécifique pour que tout marche ensemble. J’ai l’impression que si on bouge juste même un tout petit peu une pierre, ça va complètement chambouler l’œuvre. Et oui, donc, même si c’est de la pierre très dure, j’ai l’impression que c’est une œuvre assez fragile au final.
Ce que je trouve intéressant aussi, c’est que cette œuvre, elle date de 1987. Mais je trouve qu’elle aurait pu être créée aujourd’hui, car j’ai l’impression qu’elle évoque une certaine souffrance. La souffrance de la terre avec tous les problèmes comme le réchauffement climatique ou plein d’autres problèmes, comme la guerre…
J’ai quelques questions à poser à Jean-Hubert Martin, le curateur de l’exposition:
- Premièrement, j’aimerais savoir pourquoi elle est dans cette salle, qu’est-ce qu’elle raconte spécifiquement dans cette salle, en lien avec toutes les autres œuvres. Et aussi quel est le lien avec l’œuvre suspendue au-dessus, qui est un carré. Donc ça reste une forme géométrique et cela me paraît très intéressant d’avoir combiné ces deux formes. Mais je voulais savoir pourquoi c’était le cas.
- J’aimerais aussi savoir pourquoi cette œuvre s’appelle “Geneva Circle One”.
- J’aimerais savoir si cette œuvre a été choisie pour cette exposition parce qu’elle a justement un lien avec la ville puisqu’elle porte son nom.
- J’aimerais savoir si cette œuvre a été disposée de cette façon par l’artiste dans le musée et si ce n’est pas le cas, j’aimerais savoir comment les informations ont été transmises et si ça a été très compliqué. J’imagine que cela a été un travail très rigoureux, donc je voulais savoir combien de temps cela avait pris pour la mettre en place.
- Ce qui est très intéressant, c’est que cette salle s’appelle “De la croix au globe”. Et quand on entre dans cette salle, on a d’abord une croix qui est suspendue. Puis on avance vers l’œuvre que j’ai analysée justement, qui est en effet un globe. Est ce que c’est dans ce sens qu’il faut lire cette salle?
JEAN-HUBERT MARTIN:
L’œuvre de Richard Long, dont tu parles, qui est ce grand cercle fait avec des plaques de pierre, termine toute la succession d’œuvres qui dans cette salle qui s’appelle “De la croix au globe”. Bien sûr, on peut voir une croix comme quelque chose de totalement autonome. Mais en fait, dès le XVIe siècle, on s’est souvent employé à mettre la croix dans un cercle. Et de la même manière, on peut essayer de mettre un carré dans un cercle. C’est ce qu’on appelle un peu la quadrature du cercle. Et on a même essayé de faire tenir des images du corps humain avec les membres écartés, comme c’est présenté dans une gravure tout au début de la salle, comme une espèce d’image idéale de l’homme qui, de ce fait, dessine une sorte de cercle avec ses bras et ses jambes. Puisqu’elle est un cercle, cette œuvre a évidemment une relation avec la croix. Et tu as remarqué cette grande peinture de Mosset qui est une multiplication de croix. Évidemment, on peut très facilement faire la relation, évidemment en imaginant des proportions complètement différentes entre ces croix et le cercle. Ce sont effectivement ces relations géométriques, ces formes géométriques, qui sont intéressantes dans ce cas là.
Je ne savais même pas que la sculpture s’appelait “Geneva Circle One”. C’est une œuvre que l’artiste a faite spécifiquement pour Genève. Je ne sais pas dans quel contexte et franchement je ne savais même pas, quand je l’ai choisie, qu’elle portait le nom de Genève. Le nom de la ville n’a donc pour moi absolument aucune relation avec la thématique générale de la salle.
Cette œuvre a été vendue par l’artiste à au musée et donc, depuis qu’elle y est, le musée peut la remonter. Il n’y a pas besoin que l’artiste revienne à chaque fois pour l’installer. Il y a des instructions pour le montage avec un dessin très précis et, de ce fait, les installateurs peuvent très facilement la remonter. Enfin, quand je dis facilement, c’est quand même pas mal de travail vu le poids des différentes pierres.
Et donc cette salle s’appelle effectivement “De la croix au globe”. Et comme tu l’as très bien compris, ça commence par une croix ou même plusieurs représentations de la croix et se termine par cette sculpture qui est derrière l’œuvre de Richard Long, où on voit un Dieu le Père qui tient dans sa main un globe. C’est donc une espèce de vision du cosmos ou de de l’ensemble de la terre et des planètes, qui commence avec la croix et qui se termine avec le globe. Et ce sont des images qui correspondent à notre tradition chrétienne en Occident.
°°
“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!
C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?
Aujourd’hui, il a été question de “Geneva Circle One”, de Richard Long, examinée par le regard curieux de Moyra. Une fois n’est pas coutume, dans ART’S COOL, nous avons adressé les questions à Jean-Hubert Martin, commissaire de l’exposition “Pas besoin d’un dessin”.
Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question au Musée d’art et d’histoire de Genève, jusqu’au 19 juin 2022.
Et collectionnez l’art contemporain avec vos oreilles! Retrouvez-nous presque chaque semaine pour compléter votre collection avec un nouveau focus sur une œuvre récente d’un ou d’une artiste suisse.
Vous trouverez les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres sur le site artscool.ch.
Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée.
Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.
Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de Pro Helvetia, de la Fondation Gandur pour la Jeunesse, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz et du Pour-cent culturel Migros.
Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.
C’est une production Young Pods (www.youngpods.ch).