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Louna & Maya Rochat

Cully (Vaud) - Atelier de Maya Rochat (1/2): Louna s'enthousiasme à la découverte des divers espaces lumineux de cet atelier. Multidimensionnel, il témoigne de la démarche artistique plurielle de Maya Rochat.
ART'S COOL_Louna & Maya Rochat © Young Pods 2024

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Louna
Âge: 19 ans

Ton/votre heure préférée? 9.00: un moment où je suis plus réveillée.
Quelle est l’odeur de la joie? Une fleur, comme la lavande.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Un endroit près de l’eau.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Louna
Âge: 19 ans

Ton/votre heure préférée? 9.00: un moment où je suis plus réveillée.
Quelle est l’odeur de la joie? Une fleur, comme la lavande.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Un endroit près de l’eau.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Maya Rochat
Année de naissance: (*1985)

Ton/votre heure préférée? 17-18.00: la journée arrive au bout. J'aime les couchers de soleil.
Quelle est l’odeur de la joie? Des fleurs et la forêt.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? La forêt.

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Vue d'atelier: Maya Rochat, 2024 © art's cool

Artiste: Maya Rochat (*1985)
Domaines d'activité: peinture, photographie, installation, performance, arts visuels
Atelier situé à: Cully (Vaud)

 

Maya Rochat est née à Morges en 1985.
Elle vit et travaille à Lausanne.

Le travail de Maya Rochat se caractérise par un langage visuel coloré à l’intersection entre peinture et photographie. Son approche expérimentale se traduit par une technique hybride de création des images (procédés chimiques, retouche numérique, photocopie, collage, peinture aérosol, rétroprojection, etc.) et une grande diversité de supports (tirages, projections, vidéos, performance, livres d’artiste, etc.).

Par son langage visuel fluide et ses installations immersives, Maya Rochat propose au public une perception alternative du présent par les sens, en contrepoint à notre environnement saturé d’images et d’écrans.

Source: Claus Gunti: "Maya Rochat", in SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse, 2021.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Maya Rochat
Année de naissance: (*1985)

Ton/votre heure préférée? 17-18.00: la journée arrive au bout. J'aime les couchers de soleil.
Quelle est l’odeur de la joie? Des fleurs et la forêt.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? La forêt.

Transcription de l'épisode

Salut je m’appelle Louna; j’ai dix-neuf ans et j’habite à Lausanne.

L’art pour moi, c’est une découverte d’autres mondes.

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Maya Rocha dans son atelier à Cully. Tu viens?

 

Alors pour arriver à l’atelier, on est arrivés à la gare de Cully, on a marché cinq minutes et je crois que là on y est arrivés. Il y a des murs roses et plein de vitres; c’est un peu entouré de voitures mais on voit quand même des plantes, une petite table avec des verres d’eau. Je crois que c’est là l’entrée.

LOUNA: Bonjour. Moi c’est Louna.

MAYA ROCHAT: Enchantée, Luna, bienvenue. On est ici à l’entrée de mon nouvel atelier que je rénove depuis maintenant 6 mois. A la base, ce n’était pas un atelier; c’était la franchise de Ray-Ban. C’est comme ça que la propriétaire, qui est d’ailleurs toujours aujourd’hui ma propriétaire, a fait fortune, puis elle a construit ce lieu pour faire les montures de lunettes, puis des montres de luxe et puis, avec le le changement d’économie, c’est devenu vide et il n’y a plus rien eu ici pendant dix ans.

LOUNA: C’est vraiment grand, on voit plusieurs salles! Est-ce que les salles ont une signification ou une fonction? Et est-ce que vous travaillez seule ici?

MAYA ROCHAT: Quelque chose qui me distingue beaucoup, c’est que je travaille toujours en famille: ici c’est l’atelier de ma sœur, de mon ami, là il y a ma mère aussi qui travaille, le tonton que vous avez croisé dans l’espace… C’est quelque chose qui est pour moi important de ne pas être toute seule, malgré le fait qu’évidemment j’occupe beaucoup d’espace. J’aime bien avoir ma famille autour de moi et partager des activités.

LOUNA: Qu’est-ce que ça apporte la famille, plutôt que des amis?

MAYA ROCHAT: Il y a un vrai rapport de confiance. Évidemment, j’ai la chance qu’on s’entende bien. Donc on a beaucoup de plaisir. Et c’est quelque chose qui m’est vraiment important; par exemple quand je pars en voyage, c’est ma mère qui m’assiste. Le fait de vivre cette aventure artistique ensemble, ça lui donne de la valeur. Et puis mes proches me soutiennent énormément. Ils sont toujours là, et ça c’est merveilleux.

LOUNA: On peut apercevoir certains de vos grands formats, on voit aussi des salles avec des hauts plafonds… c’est justement en lien avec le format que vous utilisez?

MAYA ROCHAT: J’ai décidé de prendre cet atelier justement parce que je peux enfin travailler mes pièces en une fois. Avant, je faisais mes peintures en deux fois, parce que les plafonds n’étaient pas assez hauts. Ici je peux aussi travailler différentes œuvres au même moment. Je vais pouvoir présenter différentes pièces: vous allez voir chaque espace a comme une fonction.

L’idée du premier espace, c’est quelque chose de l’ordre de la galerie pour montrer les œuvres finies ou installées. Ensuite, il y a l’espace plus atelier, plus créatif, avec la peinture. Puis, je dirais l’atelier boxon, ça peut vivre et pas forcément être rangé et clean. Je vous présenterai encore le stockage derrière. C’est évidemment un grand luxe pour moi aujourd’hui de pouvoir avoir tout cet espace pour déployer mon travail. C’est aussi important pour moi d’avoir un lieu où je puisse stocker toute cette matière que je réutilise ensuite en installation.

LOUNA: C’est très lumineux comme espace, pourtant vous travaillez avec des projections. Pour lesquelles il faut moins de lumière, il faut travailler la nuit…

MAYA ROCHAT: Mes projections, je les utilise surtout en performance. Et c’est plutôt le soir, dans les musées. Ici je travaille la peinture, je dirais plus conventionnelle, et aussi les techniques de collage. Mais c’est vrai qu’ici je fais un travail plus diurne. J’ai de plus en plus de plaisir à travailler de jour. Et quand le soir tombe, heureusement, il y a un peu de nuit qui arrive même ici.

LOUNA: J’ai fait quelques recherches sur vous. Donc “Maya Rochat est née à Morges en 1985; elle vit et travaille à Lausanne. Par son langage visuel fluide et ses installations immersives, Maya Rochat propose au public une perception alternative du présent par les sens, en contrepoint à notre environnement saturé de l’image et d’écran”. Ça vous va comme description?

MAYA ROCHAT: Très bien. C’est, moi; c’est en partie ce que j’ai envie d’offrir. Chaque image, c’est comme un espace qui s’ouvre pour contempler, pour réfléchir, pour ressentir. De plus en plus, j’ai envie d’avoir un travail émotionnel en plus d’être conceptuel ou intellectuel. Il y a vraiment quelque chose de l’ordre de l’émotion qui doit se passer; c’est pour ça que j’offre des images qui sont si grandes, où c’est le corps qui va pouvoir faire l’expérience de l’image et avoir une expérience complexe avec avec la pièce artistique.

Suite de la visite… Bienvenue dans l’espace galerie! C’est l’espace où je teste les accrochages, une chose que je n’avais pas dans mon ancien atelier; j’aime beaucoup pouvoir tester ces différentes choses, dans la matière, et même vivre avec les pièces, au lieu de les avoir dans des cartons enfermés. Pouvoir moi-même en profiter et chacun qui vient ici en visite découvre comme ça différentes manières d’aborder mes images. Ça montre aussi différentes étapes de création; ici des tirages et peu à peu les choses s’encadrent. Quand on va dans le détail, on réalise aussi les différentes matières que je travaille entre les papiers métallisés, les pièces lumineuses et les papiers mates. Ici des bâches qui sont destinées à être accrochées en extérieur par exemple.

LOUNA: À la base vous faites de la photographie, mais c’est vrai que là, on n’est pas entouré par de la photographie “typique” si je peux dire. Comment abordez-vous le monde de la photographie?

MAYA ROCHAT: J’ai étudié la photographie à l’école et, très rapidement, j’ai compris que j’avais envie de créer des images un peu plus complexes que juste la représentation de la réalité. J’ai une réelle fascination pour cette idée de montrer quelque chose du visible mais qui n’est pas visible par l’œil nu. Peu à peu, la peinture est comme venue se glisser dans mon travail. Ici, j’ai ce tirage actuellement présenté au Château de Gruyère, où je peins avec de la javel; ça modifie les couleurs et la structure de l’image. Au-delà d’avoir juste une photo de plante, d’un seul coup, ça devient quelque chose de plus complexe et l’œil s’intéresse à ce qu’il ne comprend pas.

LOUNA: Est-ce que vous mettez un sens derrière vos photos ou c’est l’art qui parle tout seul?

MAYA ROCHAT: Pour moi, chaque pièce a une histoire. Ensuite, elle fait partie d’une série qui est une sorte de méta-histoire. Tout ça, c’est issu de la série “Poetry of the Earth”, avec cette idée de la poésie du vivant. J’observe la matière organique et j’essaie d’en révéler sa beauté sous différentes formes. Une fois, ce sera un énorme papier peint comme ici, ou un tableau lumineux qui a un film polarisant. Quand on se déplace face à la pièce, ça change de couleur et ça induit une idée d’expérience avec l’image. On n’est plus juste dans la 2D; la dimension physique permet une expérience 3D et sensorielle.

Peut-être que tu veux regarder comment ça se passe quand tu te déplaces face à l’image. En fait l’idée du film polarisant, c’est de modifier la couleur de la lumière et d’offrir un tableau qui vit en fonction de comment on se place. Il y a aussi un modulateur de lumière à l’intérieur, qu’on peut allumer et éteindre. Il a une sorte de respiration organique dans l’espace d’exposition qui est comme vivant.

LOUNA: C’est vrai qu’on vit avec votre œuvre; on on se déplace avec elle… Est-ce que le message que vous attachez à vos œuvres est plutôt mélancolique et en contraste avec l’esthétique qui est vibrante. Est-ce que ce n’est pas paradoxal justement?

MAYA ROCHAT: J’ai envie de délivrer un propos qui sort un peu de la glockitude ambiante: se dire “oui! Il y a des choses qui changent, il y a des choses qui doivent changer certes, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a un changement en cours”. Peut-être que d’être toujours dans ce langage de dramatisation de ce qui se passe, ça ne nous aide pas parce qu’on rentre dans la tétanie. Alors moi j’essaie plutôt de parler de la poésie, de ce qui est beau. En se disant que quand on aime quelque chose, on est plus à même de le défendre instinctivement, on n’a même plus besoin de dire “faites votre recyclage” par exemple, c’est des choses qui d’un seul coup tombent sous le sens, on n’a plus le plaisir de saccager l’environnement. Moi, je ne suis pas là pour faire la messe à quiconque; je n’ai pas de bons conseils. Tout ce que je dis, c’est que je trouve que le vivant est beau. Et que j’ai envie de le défendre collectivement, idéalement.

Et puis si c’est pas le cas, c’est aussi une autre histoire qui continue, la nature elle a plein de ressources. Finalement c’est pour notre propre qualité de vie, en fait que que les enjeux sont là aujourd’hui.

LOUNA: Et ça serait votre définition de l’art?

MAYA ROCHAT: Oui, en partie, l’art c’est ça. C’est créer des images qui permettent de révéler de nouveaux espaces dans la créativité, dans le monde intérieur des gens. Je comprends que ce sont des images très belles et attractives et, en même temps, elles ont toutes quelque chose de l’ordre de la destruction, quelque chose entre création et destruction. Il y a une sorte d’énergie, de nervosité, qui fait que pour moi on ne balance pas juste dans une belle image de plantes ou de fleurs ou même des peintures abstraites. C’est quelque chose qui pour moi est important. Ici, l’arbre est très beau quand on le voit de loin et quand on s’approche, on se rend compte qu’il est découpé, qu’il est lacéré. Donc il y a toujours une forme de violence mais qui n’est pas forcément immédiate.

LOUNA: Avec vos performances, l’émotion vous la faites vivre à travers tous les sens, et pas que par le visuel…

MAYA ROCHAT: L’idée de la performance c’était ça, c’était de partager le moment créatif avec ceux qui sont dans l’espace. De dire que la création, ce n’est pas la touche merveilleuse de l’artiste; il y a des moments de faiblesse. Et de montrer que les choses apparaissent en couches. L’apparition, la création est quelque chose de magique et de tellement beau que je trouvais dommage de ne pas partager avec le public ce moment. Et donc mon désir, c’était de révéler un peu ce processus et puis de le de le partager simplement.

Là, on n’est pas encore dans le grand atelier; on est dans la deuxième galerie, avec ces murs tout propres que je viens d’ailleurs de rénover, et où là je présente les les tableaux encadrés avec du blanc autour.

Et nous voilà maintenant dans le vrai atelier, avec ce magnifique sol couleur vert gris, inspirée du Corbusier, attention! C’est très beau d’avoir cet espace un peu plus caverne; on est un dans ma grotte et c’est vrai que j’aime bien travailler un peu comme ça, protégée. Là, je fais de la peinture; ici, les découpes, les montages des tableaux. Une partie de mes toiles, je les encadre moi-même; ma cadreuse qui me prépare le matériel et après je peux former les dessins tranquillement. Ici, je peux faire tout ce qui est peinture grand format, en peignant au sol ou au mur.

LOUNA: Vous avez mentionné que vous n’habitiez pas à Cully, Votre journée quotidienne, elle se passe ici, dans votre atelier?

MAYA ROCHAT: Je n’ai pas vraiment de journée “quotidienne”. Je vais aller là où il y a l’urgence d’abord et puis là où il y a l’envie.

LOUNA: Est-ce que vous vous vivez de votre art

MAYA ROCHAT: Alors je vis pour l’art et je vis de l’art. Oui j’ai la chance de gagner ma vie avec mon travail. C’est un moment difficile pour beaucoup d’artistes et les galeries depuis le Covid; il y a une sorte de de changement d’ambiance aujourd’hui aussi avec la question de l’environnement ou des guerres… Ce n’est pas facile, mais en même temps, je crois qu’il n’y a jamais vraiment eu de moment facile. J’ai envie de croire qu’il y a de la place pour la beauté et puis pour un enthousiasme. Donc je reste confiante pour ce qui suit.

LOUNA: Cool. Merci beaucoup en tout cas, c’est vraiment un plaisir de parler avec vous.

MAYA ROCHAT: Merci beaucoup pour la visite!

 

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ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant.

Aujourd’hui, Louna a rencontré Maya Rochat dans son atelier à Cully (Vaud).

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

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Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.