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Inès & Carmen Perrin

Carouge (Genève) - Atelier de Carmen Perrin (2/2): Inès est fascinée par une œuvre qui réfléchit.
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MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Inès
Âge: 14 ans

Ton/votre heure préférée? L’après-midi; je suis plus inspirée le soir et je préfère les paysages nocturnes.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur des fleurs, de la forêt.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Ma chambre.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Inès
Âge: 14 ans

Ton/votre heure préférée? L’après-midi; je suis plus inspirée le soir et je préfère les paysages nocturnes.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur des fleurs, de la forêt.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Ma chambre.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Carmen Perrin
Année de naissance: (*1953)

Ton/votre heure préférée? 10h du matin, l'heure à laquelle je suis le plus réveillée.
Quelle est l’odeur de la joie? Le café.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Mon atelier.

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Vue d'atelier: Carmen Perrin, 2024 © art's cool

Artiste: Carmen Perrin (*1953)
Domaines d'activité: architecture, art dans l'espace public, installation, objets, sculpture
Atelier situé à: Carouge (Genève)

 

Carmen Perrin est née en 1953 à La Paz (Bolivie).
Elle vit et travaille à Genève et en France.

Carmen Perrin définit, dès 1984, les termes d’une recherche en sculpture qu’elle va mener pendant plusieurs années.

Travaillant le volume par son contour, elle dessine les formes dans l’espace en mettant sous tension les structures porteuses qui délimitent le vide. Celles-ci sont, le plus souvent, constituées de matériaux industriels, acier, tôle, béton, mais l’artiste leur associe volontiers des matières naturelles brutes, ardoise, bois, osier, ou manufacturées, comme la brique ou le caoutchouc.

Depuis la fin des années 1980, Carmen Perrin intervient dans l’espace public et participe à des projets d’urbanisme, en collaboration avec des architectes.

Source: Claude Ritschard: “Carmen Perrin”, in SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse, 2016 (première édition 2005).

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Carmen Perrin
Année de naissance: (*1953)

Ton/votre heure préférée? 10h du matin, l'heure à laquelle je suis le plus réveillée.
Quelle est l’odeur de la joie? Le café.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Mon atelier.

Transcription de l'épisode

Salut, je m’appelle Inès, j’ai 14 ans, j’habite à Cugy.

 

L’art pour moi c’est une façon d’exprimer ses sentiments et de refléter notre personnalité.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Carmen Perrin dans son atelier à Carouge dans le canton de Genève. Tu viens?

 

INÈS: Bonjour. Je m’appelle Inès.

CARMEN PERRIN: Bonjour, bienvenue. Moi je m’appelle Carmen.

INÈS: C’est très lumineux, très spacieux, on voit vraiment les œuvres exposées; on se croirait dans une exposition, dans un musée. Toutes vos œuvres d’art sont magnifiques. Il y en a une particulièrement que j’ai beaucoup aimée, je me sens un petit peu attirée par elle. Est-ce que ce serait possible de m’en dire un peu plus sur cette œuvre-là? Celle qui ressemble à un miroir. Et qui comporte un énorme message marqué: “mon architecture est cohérente, comme un organisme vivant et dans mes maisons il y a un support osseux…”


CARMEN PERRIN: “… des forces musculaires et des réseaux sanguins, lymphatiques, nerveux et tout ce qu’une biologie comporte d’impeccable”.

INÈS: J’aime beaucoup ce message. Il est de qui?

CARMEN PERRIN: Il est de Le Corbusier, le grand architecte. Ça vient d’une interview. J’ai été très frappée par cette phrase parce qu’un architecte qui parle de ses maisons comme un organisme vivant, ça m’intéresse beaucoup. Pourquoi? Quand une maison est réussie, elle est vivante et quand on l’habite on n’habite pas un lieu statique mais on habite un lieu qui a été pensé pour accueillir nos corps, nos mouvements, nos émotions, nos expériences. Ce support, enfin ce lieu, doit être pensé par les architectes comme la rencontre entre nos organismes au pluriel et l’organisme qu’est une maison qui, elle aussi, a un estomac, des tuyaux, des rejets. Elle est fragile et forte en même temps. C’est pour ça que je trouvais que c’était extraordinairement juste.

INÈS: Pourquoi est-ce que vous avez choisi une matière de miroir?

CARMEN PERRIN: Parce qu’en fait, dans tous les endroits où cette œuvre est exposée, elle reprend les reflets de l’architecture dans laquelle elle se trouve. Ses reflets changent pendant la journée, parce que la lumière change: elle a une tout autre couleur quand les lumières du néon sont allumées, elle a une toute autre couleur le matin, à midi, ou le soir, parce que l’espace architectural respire et est en connexion avec la lumière extérieure ou la lumière artificielle. Et en même temps, les gens qui passent dans la galerie ou qui habitent la maison (qu’ils le sachent ou non ou qu’ils l’oublient) sont constamment captés par le miroir qui lui-aussi crée cette interaction continue entre les corps qui passent, la couleur des habits, les objets posés à côté. C’est la raison pour laquelle j’ai mis ce miroir. Ainsi l’œuvre change tout le temps. Si on est inattentif, on a l’impression que c’est toujours la même; mais en vivant avec une pièce comme ça, on va se rendre compte qu’elle est très curieuse.

INÈS: Vous parlez beaucoup d’architecture. D’ailleurs, j’ai vu aussi que vos œuvres étaient aussi dans des espaces publics. J’en ai pu voir une. À la gare de Genève, il y a une très grande porte avec des cercles en verre, certains sont colorés. Pourquoi cette décision d’exposer dans un lieu public?

CARMEN PERRIN: Au tout début de mon travail, je ne travaillais qu’avec des éléments industriels utilisés dans la construction. Je regardais beaucoup l’architecture, mais ce qui m’intéressait, c’était de mettre en relation ces matériaux, non pas à l’échelle d’une construction architecturale, mais de les mettre en relation avec mon corps. Et très vite, vraiment au début des années quatre-vingt, j’ai commencé à faire des sculptures qui mettaient en tension des matériaux industriels. Je construisais mes œuvres comme des lego où je mets un élément sur un autre, je le bloque, je le tire, je le tends, etc. Du coup, ça fait faire des gestes tout autour de la sculpture. Au bout de quelque temps, je me suis rendu compte que dans chaque sculpture, on pouvait voir tous les gestes que j’avais faits pour la construire.

En plus, tout était démontable. Une fois que l’exposition est finie, tout était plat, tout était par terre et les volumes n’existaient plus. L’exposition d’après, il fallait tout reconstruire, tout recommencer. Mais elle était chaque fois différente. Après cette période, je me suis dit j’avais envie de me confronter à l’architecture et jusqu’à aujourd’hui, je n’ai plus jamais arrêté.

Et là je continue; je viens de gagner deux concours et j’adore ça. Du coup, je fais un aller-retour entre l’atelier où je travaille seule dans mon petit paradis et l’extérieur. Je collabore avec d’autres disciplines, ce qui est très bien aussi; ça prend parfois une énergie plus forte, mais ce qui est fantastique, c’est que ça me donne des idées. Quand je retourne à l’atelier, je vois différemment les œuvres que je fais ici et du coup j’ai envie de les changer ou de les enrichir.

INÈS: Vous vivez de votre art?

CARMEN PERRIN: Oui je vis de mon art. J’ai enseigné pendant une quinzaine d’années dans des écoles pour des élèves de tous âges. J’ai commencé par les petits et ensuite l’école primaire, le cycle d’orientation, le collège en filière artistique et j’ai terminé ma carrière d’enseignante à l’école des Beaux-Arts de Genève. Et puis ensuite, j’ai commencé à aller vivre à l’étranger, j’ai vécu à Marseille, à Berlin et j’avais besoin d’avoir une disponibilité plus forte pour mon travail. Ça s’est articulé avec le travail dans l’espace public, les galeries, la possibilité de vivre de mon travail.

INÈS: C’est beaucoup de travail que vous nous racontez.

CARMEN PERRIN: Dans tout ce que je fais et quel que soit le matériau, je m’arrange pour passer énormément de temps dans la réalisation de chaque œuvre. Je prends une multitude de décisions et je me sens libre de ne pas suivre un plan ou de ne pas suivre un modèle. Je ne fais jamais de maquette justement parce que j’improvise suivant ce qui arrive. Toutes les œuvres que je fais, elles passent par une très profonde nécessité, mais ça c’est clinique chez moi, c’est obsessionnel de passer un temps fou pour garder le contrôle du temps et de l’improvisation, mais surtout le plaisir aussi. Et puis j’adore être toute seule pendant des jours et des jours.

INÈS: Merci beaucoup pour toutes ces informations, à bientôt!

CARMEN PERRIN: Merci beaucoup. Bonne suite à vous!

 

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant.

Aujourd’hui, Inès a rencontré l’artiste Carmen Perrin dans son atelier à Carouge (Genève).

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.