Salut, je m’appelle Charlie, j’ai treize ans, j’habite à Sion.
L’art pour moi, c’est ce que nos pensées expriment aujourd’hui.
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’œuvre de Beat Streuli sur le Campus Energypolis à Sion. Tu viens?
Je me trouve dans une zone plutôt industrielle, pas loin de la gare, où il y a beaucoup de nouvelles constructions. Je vois le bâtiment, là, devant moi, des visages qui apparaissent sur les vitres. Je vois certains traits de leurs visages, en tout cas des lunettes ou bien un nez. Je vais entrer à l’intérieur pour mieux voir.
On est plutôt dans un endroit tranquille et silencieux. Tout de suite, on aperçoit mieux les visages; ils s’agit de visages de filles et de garçons. Plutôt jeunes, souriants… En face de moi, le portrait présente une personne qui a la bouche ouverte, comme si elle parlait. Les photos sont assez grandes. Je me sens un peu observée et un peu perturbée. On a l’impression qu’ils nous regardent, mais ils ne nous regardent pas forcément; c’est comme des présences.
Je vais lire la notice. L’œuvre s’appelle “Sans titre” de Beat Streuli. Elle a été réalisée en 2022. C’est une installation permanente de photographies. Il s’agit d’impressions numériques transparentes intégrées dans du verre. Ses dimensions sont variables, selon la taille des vitres des bâtiments.
Les portraits sont dans le verre… du coup, c’est assez impressionnant.
CHARLIE: Je vais poser quelques questions à l’artiste.
BEAT STREULI: Bonjour Charlie, je vais essayer de répondre à tes questions.
CHARLIE: Pourquoi n’y a-t-il pas de titre à cette œuvre?
BEAT STREULI: En général, je n’aime pas trop ce genre de titre qu’est “Sans titre”, parce que c’est bien sûr aussi un titre après tout. Mais, au début, quand j’ai fait ma proposition pour ce concours, il y avait un titre que j’ai utilisé, qui était un peu trop compliqué. J’avais appelé le projet “ville énergie, vie locale et globale, transparence et ouverture”… Comme tu vois, c’était un titre beaucoup trop long et quelque chose de plus court me semblait banal. J’ai déjà appelé des installations de ce type “Face” ou “Interface”, parce que les visages se trouvent exactement entre l’intérieur et l’extérieur. Mais j’ai finalement pensé que cette installation assez grande parlait d’elle-même et n’avait pas besoin d’une étiquette ou d’une autre définition qui limiterait un peu la perception ouverte des images.
CHARLIE: Combien y a-t-il de visages exposés sur ces vitres?
BEAT STREULI: Je ne me souviens pas du nombre exact de visages, mais il y a environ cinquante vitres que j’ai utilisées au rez-de-chaussée des trois bâtiments. Donc, je dirais qu’on peut voir une vingtaine de personnages. Bien sûr, nous avons photographié beaucoup plus de gens. Mais comme toujours dans mon travail, je fais une sélection assez stricte et n’utilise qu’un tout petit pourcentage de tout le matériel.
CHARLIE: Pourquoi c’est que des visages et pas des objets ou d’autres trucs?
BEAT STREULI: Tu n’as peut-être pas eu accès à toutes les salles des bâtiments, mais il y a toute une série de compositions dans lesquelles il n’y a pas de visages et seulement des structures, des éléments presque abstraits. Presque toutes les images sont d’ailleurs des compositions; des fragments de textes, des détails d’architecture ont été superposés aux portraits pour leur donner une qualité plus picturale. Quelque chose de plus complexe qui s’intègre mieux dans l’architecture et les espaces dans lesquels les employés et les étudiants travaillent.
CHARLIE: Les visages sont plutôt assez jeunes, et je me pose la question si c’est fait exprès, parce que c’est un environnement où il y a beaucoup de jeunes qui étudient.
BEAT STREULI: Pour les vitres avec les grands visages, il s’agit surtout de portraits d’étudiants de cette école, mais ils avaient été photographiés dans les anciens bâtiments de la HES-SO. Il y a aussi quelques profs et assistants qui y travaillent ou y ont travaillé, que l’on voit sur certaines fenêtres. Puis il y a aussi des photos de passants dans des villes internationales comme New York, Londres, Malaga, entre autres, même si on ne peut pas vraiment reconnaître où ces photos ont été prises.
Il y a donc deux niveaux d’images, avec des photos de personnages entiers que j’ai photographiés à la manière de snapshots et les autres, qui sont plutôt des portraits. Et puis il y a aussi le niveau que j’appelle abstrait. Avec ces trois niveaux que j’ai parfois superposés, je voulais faire référence à la partie du titre original, “local et global”. Cette école, c’est une institution destinée avant tout à la population locale. Mais bien sûr, elle n’est possible et efficace que si elle s’inscrit dans un cadre très ouvert et globalement interconnecté.
CHARLIE: Comment avez-vous mis une image dans le verre?
BEAT STREULI: C’est une très belle technique que j’ai pu utiliser là pour la première fois pour un projet de commande publique. C’est fait d’une manière assez intéressante parce que dans le verre de sécurité, qui est composé de plusieurs couches de verre, il y a des films adhésifs qui maintiennent les couches ensemble. Et on peut imprimer sur ces films avant de les insérer plus tard entre les verres. On peut travailler en très grand format avec ces techniques. Il y a des vitres qui font environ cinq mètres de hauteur sur trois de largeur et l’image couvre toute cette surface dans une seule pièce. Pour moi, c’était un très beau projet aussi en raison de cette technique qui permettait de travailler à l’échelle de l’architecture des bâtiments. Une architecture qui me plaisait aussi beaucoup.
Bye bye Charlie. Merci pour ton intérêt et tes questions.
Bonne suite!
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“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!
C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?
Durant cette deuxième saison, notre podcast vous invite à des explorations hors des lieux habituels d’exposition, le plus souvent en plein air! Chaque semaine, ou presque, nous découvrons ainsi ensemble une création artistique située dans l’espace public quelque part en Suisse.
Aujourd’hui, il a été question d’une œuvre « Sans titre » de Beat Streuli, examinée par le regard curieux de Charlie. Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question sur le campus Energypolis à Sion.
Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.
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Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.
C’est une production Young Pods.