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Ysé & Sandrine Pelletier

Lausanne (Vaud) – Atelier de Sandrine Pelletier (2/2): Ysé rencontre les chats en céramique de l'artiste, ces témoins muets et immobiles qui contemplent l'espace avec leur drôle d'air. Elle est curieuse de savoir ce qu'ils représentent.
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MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Ysé
Âge: 14 ans

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Ysé
Âge: 14 ans

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Sandrine Pelletier
Année de naissance: (*1976)
Domaines d'activité: arts visuels, dessin, installation, sculpture, design
Atelier situé à: Lausanne (Vaud)

Sandrine Pelletier est née à Lausanne. Elle vit et travaille entre Le Caire et Lausanne.

Depuis plus de 20 ans, elle développe une œuvre protéiforme, utilisant un large éventail de techniques, de manière libre et instinctive.

L’artiste explore la matière et son potentiel d’altération. Bois, céramique, verre, métal, miroir sont des terrains de recherche physique et sensuelle, entre artisanat et alchimie. L’artiste engage, à travers leur manipulation et leur transformation, une réflexion sur le passage du temps, la ruine, la trace.

Ancrée dans le monde contemporain, Pelletier puise dans l’expression d’une énergie brute pour créer des œuvres révélant une fragilité poétique.

Source: www.sandrinepelletier.com (Traduction Young Pods)

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Vue d'atelier: Sandrine Pelletier, 2025 © art's cool

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Sandrine Pelletier
Année de naissance: (*1976)
Domaines d'activité: arts visuels, dessin, installation, sculpture, design
Atelier situé à: Lausanne (Vaud)

Sandrine Pelletier est née à Lausanne. Elle vit et travaille entre Le Caire et Lausanne.

Depuis plus de 20 ans, elle développe une œuvre protéiforme, utilisant un large éventail de techniques, de manière libre et instinctive.

L’artiste explore la matière et son potentiel d’altération. Bois, céramique, verre, métal, miroir sont des terrains de recherche physique et sensuelle, entre artisanat et alchimie. L’artiste engage, à travers leur manipulation et leur transformation, une réflexion sur le passage du temps, la ruine, la trace.

Ancrée dans le monde contemporain, Pelletier puise dans l’expression d’une énergie brute pour créer des œuvres révélant une fragilité poétique.

Source: www.sandrinepelletier.com (Traduction Young Pods)

Transcription de l'épisode

Salut, je m’appelle Ysé, j’ai 14 ans, j’habite à Lausanne.

L’art pour moi, c’est une façon de s’exprimer sans forcément des mots; c’est un peu un langage universel.

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Sandrine Pelletier dans son atelier à Lausanne. Tu viens?

 

YSÉ: Donc là, je suis dans l’atelier. Bonjour Sandrine Pelletier!

SANDRINE PELLETIER: Bonjour jeune fille.

YSÉ: Je m’appelle Ysé.

SANDRINE PELLETIER: Ysé, Isis, Ysé.

YSÉ: Dans cet atelier, il y a beaucoup beaucoup de choses qui attirent l’œil, il y a énormément de choses. Mais quand je suis entrée, j’ai directement remarqué ce chat. Est-ce que vous voulez un peu nous en parler?

SANDRINE PELLETIER: C’est une urne, c’est-à-dire que c’est là où on met les cendres de chats morts. C’est en fait une série de “oushebtis”, des urnes égyptiennes inspirées de l’époque où on momifiait les chats et on les mettait dans des urnes en céramique. Après quelques années en Égypte, j’ai évidemment eu pas mal d’histoires de chats. 

YSÉ: Pourquoi le chat?

SANDRINE PELLETIER: Parce qu’il y en a partout! À peine tu ouvres ta fenêtre, tu as un chat qui entre et, dans la rue, il y a toujours des drames de chats: “j’ai mon chat qui a fait des petits, tu ne voudrais pas en prendre?” et aussi des chats sauvés dans les poubelles que tu ramènes en Suisse et ça te coûte un bras et finalement le chat meurt… Et puis l’Égypte antique, bien sûr, avec les momies qui révèlent comment le chat était vénéré. Donc j’ai voulu faire ces urnes, au début pour mes propres chats qui ont été incinérés, puis après l’idée c’était que j’en fasse pour des artistes “dames à chat”. Puis c’est devenu des sculptures et  où finalement je mets mes clés.

YSÉ: Vous viviez au Caire avant et puis vous êtes venue en Suisse; quelles sont les différences et les contrastes que vous remarquez principalement?

SANDRINE PELLETIER: Déjà, j’ai froid encore maintenant… Pour le reste, c’est tout et son contraire. C’est c’est le noir et le blanc qui en même temps se complètent. J’aime être bicéphale, être dans deux lieux qui s’opposent. J’ai cette chance-là, cette chance d’avoir ce passeport qui me permet de partir à peu près où je veux. Mais il y a eu le Covid, en 2020; j’étais sur place et je suis restée bloquée jusqu’à l’automne. Je pense qu’on appartient d’où on vient et mes racines sont ici: je suis née à Lausanne et je m’occupe encore de ma famille ici. Et il était temps de débrancher la prise du Caire et revenir pour établir quelque chose de solide, pour mieux repartir après. Comme je travaille essentiellement avec des galeries européennes, il me faut une base d’où je viens et d’où je viens, c’est ici.

Je suis donc enchantée d’avoir ce lieu pour enfin travailler et montrer mon travail sur place. J’ai encore un lieu au Caire; c’est une fonderie dans laquelle j’ai mis des ressources et où je produis des pièces que je ramène ici.

YSÉ: Êtes-vous uniquement artiste? Est-ce que vous arrivez bien à en vivre ou est-ce qu’il y a trop de complications?

SANDRINE PELLETIER: Je ne fais que ça. Et je donne aussi des cours de sport parfois, “cuisses-abdo-fessier”. J’ai cette chance de pouvoir pour l’instant ne faire que ça. Donc c’est super, mais ça a pris du temps. Et ma vie tourne en fonction de ça; je n’ai pas de personne à charge à part moi-même. C’est une histoire de responsabilité.

YSÉ: Là, on arrive dans la partie lumineuse de l’atelier; sur la grande table de travail il y a plein d’objets mais il y a surtout une œuvre qui me paraît être en cours. Vous travaillez dessus?

SANDRINE PELLETIER: Non c’est une vieille œuvre que j’ai ressortie de ma cave où étaient la plupart de mes pièces. C’est du bois MDF teinté dans la masse, normalement c’est brun et ce qui est bleu c’est le résultat d’une expérimentation: j’ai fait couler du verre en fusion dessus pour voir qu’est-ce que ça provoquait comme teinte. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire: est-ce que je vais les garder, est-ce que je vais continuer ce travail, est-ce que je l’amène à la déchetterie?

Oui! Il y a des tabous dont on ne parle pas, mais on jette beaucoup de pièces! Voilà, à un moment donné, on sait ce qui reste ou ce qui ne reste pas. Il ne faut pas avoir peur de dire le mot poubelle en art contemporain.

YSÉ: Je vois que ces installations sont vraiment immenses, vous travaillez donc beaucoup avec l’espace?

SANDRINE PELLETIER: Oui j’adore ça! Être dans l’espace public, dans des jardins, des forêts, des déserts… Ce qui reste, c’est la trace photographique, l’archivage.

Quand je fais des choses en Égypte, en général, c’est très vite recyclé en tout et rien. Ici, c’est un peu plus compliqué. On a un rapport au déchet qui est compliqué. C’est fou quand même ce rapport à la poubelle! Ça m’intéresse beaucoup. J’ai cette série de photos de poubelles de rue qui ressemblent à des installations de musées. J’ai commencé à archiver ce rapport à la poubelle, ici, au Caire ou en Bolivie, par exemple, où j’ai pu passer trois mois récemment. Tout y est récupéré; rien ne se perd et  j’aime ça. J’aime beaucoup les gens qui font des choses avec rien, avec ce qui ne coûte rien. Qui arrivent, par un geste, à faire des readymades, à créer des histoires avec des déchets.

YSÉ: Je vois ces œuvres avec beaucoup d’écritures; est-ce que c’est vous qui avez composé ces paroles ou bien vous les avez reprises d’un livre?

SANDRINE PELLETIER: Ce sont des poèmes d’autrices iraniennes des années 60, 70 et 80. Ce sont des plaques de laiton sur lesquelles j’appose des adhésifs. Voilà, là on en a un par exemple. Ce sont des lettres autocollantes que je place sur la plaque de laiton et après je mets de l’acide. Ensuite, je retire les lettres chablon pour ne laisser que l’écriture. Tout le reste autour a été rongé. Ça donne des plaques qui semblent rouillées. J’aime le métal; je le travaille autant en sculpture 3D qu’en surface. J’aimerais pouvoir développer un champ de possibles de teintes plus grand, à la manière d’un peintre. Avoir ainsi une palette plus large et être donc plus libre.

YSÉ: Vous nous parlez de votre amour du métal, mais apparemment vous aimez aussi le feu, vous voulez en parler?

SANDRINE PELLETIER: J’ai l’impression qu’il y a une espèce de cliché: “Toi, tu aimes bien brûler des trucs!”. En fait, j’ai toujours aimé cela. Quand j’étais petite, j’avais une loupe et je faisais des trucs horribles avec des insectes. Ouais, c’est pas bien.

C’est venu pour simplifier le fait de peindre de grandes surfaces en noir pour une installation que j’avais faite à l’époque. On s’était rendu compte que ça coûtait cher en peinture. Donc finalement je les ai brûlées et ça a donné quelque chose de beaucoup plus précieux.

Après, je suis parti au Japon et j’ai appris à le faire. Là-bas, on fait des bâtiments entiers en bois brûlé. Il y a cette limite, cette tension. On s’arrête à la frontière de la destruction pour en faire quelque chose de solide, parce que quand on brûle du bois, il devient solide. C’est ce point de rupture qui m’intéresse.

Je me suis aussi vite rendue compte que, quoi que je fasse, si je veux faire des patines, ou vieillir un peu les choses, le feu marche toujours mieux que n’importe quelle peinture.

YSÉ: Est que parfois vous prenez des risques avec le feu ou des matériaux coupants comme le verre? Est-ce que c’est risqué de faire votre art et votre travail?

SANDRINE PELLETIER: En vrai, oui. Tu vois les masques là-bas? Bon parfois je ne le mets pas et ce n’est pas bien. Je parle beaucoup et j’enlève le masque sans me rendre compte et je me retrouve dans des environnements toxiques. À l’époque on ne se protégeait pas, maintenant on se protège mieux, on a plus d’équipement technique. Le plus dangereux, ce n’est pas c’est pas de me brûler, ou de me couper. Le plus dangereux, c’est l’invisible; ce que je peux me prendre dans les poumons.

YSÉ: Dans trente ans, où est-ce que vous vous voyez?

SANDRINE PELLETIER: À la Biennale de Venise, avec un rollator en train d’insulter tout le monde et de faire ma meilleure pièce j’espère!

YSÉ: Merci beaucoup pour ce mot de fin! Au revoir et merci pour cette interview!

SANDRINE PELLETIER: À bientôt Isis.

YSÉ: (Ahahaha) Ysé!

SANDRINE PELLETIER: Ysé.

 

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant. Aujourd’hui, Ysé a rencontré l’artiste Sandrine Pelletier dans son atelier à Lausanne (Vaud).

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.