Bonjour, je m’appelle Paula, j’ai 16 ans et je viens de Bâle.
Pour moi, l’art est synonyme d’expression des sentiments.
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec une œuvre d’art de Claudia et Julia Müller à Bâle. Tu viens?
Nous avons pris le tram jusqu’à l’école Sandgruben. Nous allons maintenant chercher l’œuvre.
Nous sommes dans le hall d’entrée de l’école et je vois un tapis vert, à motifs verts, avec des franges orange et blanches sur les bords. Le tapis est composé de petits morceaux de mosaïque qui ont été coulés dans le sol. Et il brille aussi un peu.
C’est l’œuvre « Tapis (It’s this rug I have, it really tied the room together) » de Claudia et Julia Müller. Elle se trouve dans l’école Sangruben II, à la Schwarzwaldallee à Bâle. Elle a été réalisée en 2016 et il s’agit d’un tapis en mosaïque composé de carreaux de céramique de dix couleurs différentes. L’œuvre a été réalisée en collaboration avec Daniela Bernardi. Les dimensions sont de 9,5 mètres sur 5,86 mètres. J’ai quelques questions à poser à Julia et Claudia Müller.
CLAUDIA MÜLLER: Bonjour Paula, je m’appelle Claudia Müller et j’habite à Bâle. Et je réponds volontiers à tes questions.
JULIA MÜLLER: Bonjour Paula, je m’appelle Julia Müller. Je suis assise derrière l’ordinateur à Berlin, j’habite à Berlin et à Bâle, mais en ce moment nous répondons à tes questions via notre ordinateur.
PAULA: Je me demande comment vous avez fait pour installer dans un hall d’entrée bétonné un tapis vert, orange et blanc fait de particules de mosaïque.
JULIA MÜLLER: C’est une bonne question. Le bâtiment scolaire est neuf et le hall d’entrée où nous avons fait les travaux est le point de convergence de tous les chemins de cette école: c’est-à-dire l’entrée de la cour, dans l’entrée principale. De là, on peut aller dans le gymnase, la bibliothèque et les salles de travail. C’est une zone centrale de l’école. C’est la raison pour laquelle nous l’avons trouvée intéressante pour ce travail et avons décidé d’y installer quelque chose de fixe comme ce tapis.
CLAUDIA MÜLLER: Chaque jour, X élèves y circulent. Il y a donc un point d’intersection, et celui-ci a été renforcé par un chauffage au sol. Ainsi, la zone du tapis est plus chaude et on peut s’y asseoir. Nous avons plusieurs photos montrant des élèves assis à cet endroit sur le sol.
JULIA MÜLLER: Et ce qui était beau dans cette collaboration entre l’architecture et nous, les artistes, c’est que les architectes sont aussi venus à notre rencontre, par exemple avec des lucarnes. Si tu regardes bien, on voit en haut des fenêtres plus grandes, où la lumière, la lumière du jour et le soleil brillent sur ce travail. Et, comme Claudia l’a déjà mentionné, ce chauffage au sol est également apparu au cours du processus de création de ce travail. Et pour nous, c’est aussi une collaboration réussie entre l’architecture et l’art.
PAULA: Pourquoi avoir choisi ce schéma de couleurs ?
CLAUDIA MÜLLER: Le schéma chromatique est basé sur des tentatives picturales qui associent les couleurs entre elles, et qui peuvent ainsi créer une tension, mais aussi suggérer un motif. Et cette peinture contient en partie des éléments figuratifs qui font naître un certain motif. On peut par exemple y lire un visage ou un motif abstrait. De ce point de vue, l’œuvre ouvre plusieurs interprétations ou lectures.
JULIA MÜLLER: Nous avons commencé par dessiner et peindre. C’est ainsi que nous avons trouvé la forme du tapis. Et finalement, c’est devenu cette forme, ce vert avec de l’orange. Et puis il y avait aussi cette idée de faire passer le vert, le paysage, de l’extérieur à l’intérieur. Et comme Claudia l’a dit, nous associons le motif à des figurations abstraites. Selon l’endroit où l’on se trouve, on pourrait lire un visage, mais pour nous, il n’est pas important que ce soit réellement un visage. Il transmet indirectement quelque chose.
PAULA: Je sens que cette pièce à l’apparence austère, est rendue très accueillante par ce tapis. Les élèves, lorsqu’ils vont à l’école, peuvent ainsi avoir un sentiment d’appartenance et peut-être qu’ils ont ainsi un peu plus envie d’aller à l’école. Est-ce que c’était aussi votre idée ?
CLAUDIA MÜLLER: Le tapis est bien sûr le point de rencontre de cette école. Et c’était bien sûr notre idée qu’il devienne un centre où l’on puisse aussi s’attarder, voire s’asseoir dessus; avoir le sentiment que l’on aimerait être dans cette pièce.
Le tapis dégage aussi une certaine impression d’artisanat. A l’origine, les tapis sont aussi faits à la main. Il y a quelque chose d’artisanal là-dedans. C’est un autre mouvement, dans une architecture qui est en fait très construite et qui est aussi maîtrisée par des machines, ce moment de ce tapis, qui est lié à la force physique, crée un contraste.
JULIA MÜLLER: Toutes les pièces de mosaïque – nous ne les appelons pas des pièces de mosaïque mais des “plaquettes” de céramique – ont été peintes à la main (c’est très important) et elles ont une forme allongée. Cela évoque l’idée du tissage, du tissage d’un tapis. On voit qu’il y a une direction, c’est comme la trame d’un tapis fait à la main qui traverse le tapis. C’est pourquoi il a aussi cette direction, ces particules de céramique sont toutes dans la même direction. Et c’est aussi cet aspect artisanal qui se retrouve ici.
CLAUDIA MÜLLER: Un tapis est un élément de l’habitat. De ce point de vue, un tel élément dégage une certaine chaleur et crée clairement une image en contraste avec une institution publique comme une école.
PAULA: Je me demande pourquoi une partie du titre est en allemand et une partie en anglais. Parce que c’est quand même très inhabituel. Et en plus, c’est un titre très long.
CLAUDIA MÜLLER: Le titre a une histoire très amusante. Il fait référence au film “The Big Lebowski”. Et ce protagoniste, qui s’appelle lui-même Lebowski, se fait voler un tapis tout au début du film. Le film ne parle en fait que de la façon dont il part à la recherche de ce tapis. Il rencontre à Los Angeles des gens très différents, des monstres, des fantaisistes, et d’autres personnes. Et il dit une fois dans le film: « Oui, je cherche ce tapis, je veux récupérer ce tapis, parce que c’est le tapis qui a maintenu mes pièces ensemble ». C’est-à-dire que le tapis se trouvait dans un passage qui reliait deux pièces entre elles. C’est ce qui nous a donné l’idée de mettre en œuvre notre idée et de nous référer au film. Et c’est pourquoi le titre est aussi une citation originale en anglais dans le titre.
JULIA MÜLLER: Paula, au revoir! Nous avons eu beaucoup de plaisir, Claudia et moi. Et c’est aussi super que tu aies justement choisi le tapis, ce travail de notre part.
CLAUDIA MÜLLER: Oui, chère Paula, de ma part aussi, je trouve ça super que tu aies choisi de porter ton attention sur cette œuvre. J’espère que nos réponses te permettent d’approfondir un peu les choses et te fournissent quelques explications.
A bientôt!
°°
“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!
C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?
Durant cette deuxième saison, notre podcast vous invite à des explorations hors des lieux habituels d’exposition, le plus souvent en plein air! Chaque semaine, ou presque, nous découvrons ainsi ensemble une création artistique située dans l’espace public quelque part en Suisse.
Aujourd’hui, il a été question de “Tapis (It’s this rug I have, it really tied the room together) » de Claudia et Julia Müller, examinée par le regard curieux de Paula. Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai cette œuvre à Bâle, près de l’école Sandgruben II.
Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.
Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.
Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, du Pour-cent culturel Migros, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons d’Argovie, Bâle-Ville, Berne, Glaris, Grisons, Obwald, Saint-Gall, Soleure, Thurgovie, Valais, Vaud, Zoug et Zurich, ainsi que des villes de Genève, Winterthur, Yverdon-les-bains, Zoug et Zurich.
Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.
C’est une production Young Pods.