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Lino & Mai-Thu Perret

Rue de Montbrillant 36, Genève: Lino découvre une façade qui le regarde de tous ses yeux… il pense à Orwell et s’interroge sur la symbolique de l'œil dans diverses cultures.
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MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Lino
Âge: 18 ans

Ton/votre heure préférée? Midi. J'adore manger.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur des fajitas, tout tourne autour de la bouffe…
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Sous ma couette.

(dormir, manger, basique!)

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Lino
Âge: 18 ans

Ton/votre heure préférée? Midi. J'adore manger.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur des fajitas, tout tourne autour de la bouffe…
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Sous ma couette.

(dormir, manger, basique!)

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mai-Thu Perret
Année de naissance: (*1976)

Ton/votre heure préférée? Je ne sais pas vraiment, cela dépend beaucoup de la saison et d’où je me trouve. Par exemple, à Los Angeles, le matin très tôt, quand il y a encore de la rosée avant la chaleur de la journée.
Quelle est l’odeur de la joie? Le jasmin la nuit, je ne sais pas si c’est l’odeur de la joie mais c’est vraiment beau. Après il y a aussi l’odeur des premiers mimosas de la saison, comme l’appel du printemps avant le printemps. Ou encore la peau d'un nouveau-né évidemment.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Le sous-sol de l’atelier de céramique de Niels Dietrich à Cologne où je vais souvent travailler.

Mai-Thu Perret, In the sandalwood forest there are no ordinary trees, 2015©Annik Wetter_1

Mai-Thu Perret, In the sandalwood forest there are no ordinary trees, 2015 © Annik Wetter

Artiste: Mai-Thu Perret (*1976)
Titre de l’oeuvre: In the Sandalwood Forest there are no Ordinary Trees
Année: 2015
Technique: Installation (céramique émaillée)
Dimensions: 550 m2 (14 pièces mesurant chacune 50 × 40 cm)
Lieu d’exposition: Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève (sur le mur de la cour du bâtiment postal)

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mai-Thu Perret
Année de naissance: (*1976)

Ton/votre heure préférée? Je ne sais pas vraiment, cela dépend beaucoup de la saison et d’où je me trouve. Par exemple, à Los Angeles, le matin très tôt, quand il y a encore de la rosée avant la chaleur de la journée.
Quelle est l’odeur de la joie? Le jasmin la nuit, je ne sais pas si c’est l’odeur de la joie mais c’est vraiment beau. Après il y a aussi l’odeur des premiers mimosas de la saison, comme l’appel du printemps avant le printemps. Ou encore la peau d'un nouveau-né évidemment.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Le sous-sol de l’atelier de céramique de Niels Dietrich à Cologne où je vais souvent travailler.

Transcription de l'épisode

Salut. Je m’appelle Lino, j’ai dix-huit ans. J’habite à Lausanne.

 

L’art pour moi, c’est une manière d’exprimer un sentiment.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec une œuvre de Mai-Thu Perret à Genève. Tu viens?

 

L’œuvre se trouve sur la façade de la poste de Montbrillant et on part pour la chercher. On est devant un garage, il y a des escaliers, des portes qui se ferment et pas mal d’activité. On voit que le lieu est en mouvement et que c’est un lieu de travail. On traverse une cafétéria de la fourchette verte du cycle de Montbrillant, on va à droite et on se retrouve dans un couloir extérieur. Devant nous, je crois que va se trouver l’œuvre de Mai-Thu Perret… et je viens de la voir! Des yeux sur la façade…Ok.

Plus on avance, plus il y a des yeux qui se découvrent sur la façade. Pour l’instant, on en voit quatre, cinq, six… on se croirait observé.

Donc on a quatorze yeux sur la façade, sur une façade en crépi. On dirait comme des sortes de gros bols blancs avec une pupille, un iris… tout ce qui ressemble à un œil quoi. Et on voit des couleurs différentes. Il y a du vert, du brun, du gris dans les iris, c’est comme des tableaux. Il y en a qui sont unis, d’une même couleur. Il y en a qui sont un peu en dégradé. Il y en a qui ont des éclaboussures de peinture. C’est une longue façade et les yeux sont répartis de manière un peu aléatoire, on dirait il y a n’y pas de pattern qui se dessine.

Moi je pense direct à “1984” d’Orwell. On dirait une surveillance des travailleurs parce qu’on est dans un bâtiment de travail… comme dans une sorte de dystopie. Les yeux n’ont ont pas forcément de vie ou d’âme. On ne sait pas trop ce qu’ils regardent. Ils regardent toujours tout droit. Il n’y a pas d’yeux qui regardent vers le bas ni vers le haut. C’est toujours dans la même direction et du coup ça fait moins vivant.

On peut se poser la question de la signification que l’œil peut avoir dans d’autres cultures, comme par exemple en Grèce avec l’œil bleu qui porte bonheur.

Le titre de l’œuvre, c’est “In the Sandalwood Forest there are no Ordinary Trees”. Elle a été réalisée par Mai-Thu Perret en 2015 et c’est une installation de céramique émaillée, composée de quatorze pièces.

Le titre nous dit que “dans une certaine une forêt d’un certain type d’arbre, il n’y a pas d’arbre ordinaire”… qu’est ce que ça pourrait bien vouloir dire? Donc là on est en face d’une forêt, pas d’arbres justement, mais d’yeux. Et ces yeux-là, ils ne sont pas ordinaires puisqu’ils sont tous uniques. Chacun a une manière d’être peint, surtout dans l’iris.

LINO: Ma première question à l’artiste, ce serait: quelle idée vous a poussée à faire ça en dans cet endroit précisément? Pourquoi ici?

MAI-THU PERRET: Bonjour Lino, je vais tenter de répondre à tes questions. Quand j’ai visité le bâtiment de La Poste de Montbrillant pour le concours, j’ai été frappée par ce mur. Quand on a commencé à travailler dessus, les différents artistes qui ont participé au concours, la rénovation était déjà faite et l’espace était déjà construit. On n’a pas travaillé sur des plans; on a été visiter l’endroit et les bureaux des collaborateurs de la Caisse cantonale de chômage et c’était très frappant. Il y avait un énorme mur blanc qui était en face des bureaux. L’objet du concours, c’était de le remplir. Et moi, tout de suite, je me suis dit que ce n’était pas une très bonne idée d’essayer de remplir le mur. Donc je n’ai pas voulu faire une peinture ou mettre un revêtement qui recouvrait tout.

J’ai assez rapidement pensé à des yeux, parce que je trouvais amusant de décorer cet espace qui est quand même un espace assez froid, assez technocratique, assez gris, très minéral. Je trouvais drôle de ramener quelque chose d’humain et de vraiment lié au corps avec le globe oculaire, avec les yeux. J’étais aussi intéressée à jouer un peu avec l’endroit. On avait un mur aveugle… il y avait quelque chose de rigolo dans l’idée d’y mettre des yeux.

LINO: Pourquoi avoir travaillé sur le globe oculaire seulement et ne pas avoir représenté l’œil tel qu’on le voit tous les jours avec une paupière, des cils?

MAI-THU PERRET: C’est plus étrange de ne faire que le globe oculaire et pas l’œil entier avec les cils. Je trouve que c’est quelque chose de moins vu peut-être et de moins romantique. Il y a aussi un rapport avec les porte-bonheur qui sont eux aussi des yeux.

Et puis j’aime bien travailler avec des formes géométriques. Je trouve que le globe oculaire, dans la façon dont je l’ai traité là, est à la fois un organe du corps humain et une forme. C’est une demi-sphère.

LINO: J’ai vu que c’était des yeux en céramique est-ce, que c’est lourd? Et comment ont-ils été posés pour tenir?

MAI-THU PERRET: Alors oui, c’est relativement lourd. Chaque œil doit faire cent ou cent cinquante kilos; je ne me rappelle plus très bien. C’est de la céramique. C’est creux, donc l’œil lui-même, doit faire peut-être quatre centimètres d’épaisseur maximum. La partie en céramique est fixée sur une structure en inox qui fixée dans une autre structure en inox attachée sur le mur.

LINO: Vu qu’on est dans un lieu de travail où tout le monde regarde dans la même direction pour atteindre des objectifs, on voit que les yeux aussi regardent tous dans la même direction et je me demandais si justement, ce ne serait pas une manière de différencier et de montrer que chacun est unique. Une façon de montrer que même si ses yeux regardent dans la même direction, ils ont chacun une manière d’avoir un iris différent. Donc personne n’est anonyme.

MAI-THU PERRET: Je trouve toujours intéressant de jouer sur le rapport entre la différence et la répétition. Et en effet, les yeux sont toujours différents.

Au revoir Lino.
Merci!

°°

“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette deuxième saison, notre podcast vous invite à des explorations hors des lieux habituels d’exposition, le plus souvent en plein air! Chaque semaine, ou presque, nous découvrons ainsi ensemble une création artistique située dans l’espace public quelque part en Suisse.

Aujourd’hui, il a été question de In the Sandalwood Forest there are no Ordinary Trees de Mai-Thu Perret, examinée par le regard curieux de Lino. Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question à Genève, rue de Montbrillant 36.

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, du Pour-cent culturel Migros, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons d’Argovie, Bâle-Ville, Berne, Glaris, Grisons, Obwald, Saint-Gall, Soleure, Thurgovie, Valais, Vaud, Zoug et Zurich, ainsi que des villes de Genève, Winterthur, Yverdon-les-bains, Zoug et Zurich.

Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.