Salut! Je m’appelle Bethel. J’ai quatorze ans et j’habite à Sion.
L’art pour moi, c’est de montrer l’avis de chacun sur les œuvres.
Et j’ai rendez-vous avec une œuvre d’art au musée d’art de Sion. Tu viens?
BETHEL:
Bonjour. J’ai rendez-vous avec l’œuvre qui s’appelle “Fujisan” de Corinne Vionnet. Où se trouve-t-elle?
ACCUEIL DU MUSÉE:
Bienvenue. Vous la trouverez dans la salle 17 du musée d’art, tout en haut de l’escalier du deuxième étage. Bonne visite!
BETHEL:
Voilà, on a traversé le deuxième bâtiment et maintenant je me dirige vers l’œuvre. Ah, il y a encore un escalier. C’est donc là! C’est une salle qui illuminée et assez claire; je la trouve plutôt sympa.
Je crois que j’ai repéré l’œuvre: je vois une ville ou un village, je dirais des habitations, une montagne. Le ciel est bleu, donc je dirais que c’est la journée. C’est assez illuminé, mais sombre au niveau du village, il y a notamment quelques végétations, des arbres et un rocher, un peu transparents. Je trouve l’image très belle, personnellement avec ses effets d’illusion. C’est ça qui rend l’œuvre unique. C’est comme si une personne myope voyait l’œuvre, donc c’est assez flou. La chose qu’on voit le mieux, c’est la montagne avec de la neige dessus. Si on s’approche, on voit un peu plus en détail les arbres et notamment le rocher sur le côté qu’on voit un peu moins si on recule. On voit l’arrière du village tout au fond, qui est proche de la montagne. Ce n’est pas une peinture. Et plus qu’une montagne, je dirais que c’est un volcan, mais avec du blanc dessus. Et je ne sais pas pourquoi il y a ce blanc, si c’est un volcan. Je vais lire la fiche technique.
Cette œuvre a été réalisée en 2007, c’est une photographie et ses dimensions sont de 90 x 120 cm. C’est une œuvre qui s’appelle “Fujisan” de Corinne Vionnet.
J’ai des questions pour l’artiste:
- Le titre “Fujisan” me fait penser à un nom asiatique et donc l’œuvre me dit apparemment que c’est un village qui fait partie d’un pays asiatique. Est ce que c’est le cas?
- Pourquoi cet effet d’illusion flou?
- Où se trouve ce village qui m’a l’air plutôt triste et un peu abandonné?
- J’ai l’impression que c’est des images superposées. Du coup, quelques-unes sont floutées, l’une par-dessus l’autre.
- Est-ce que vous avez pris cette photo? Ou est-ce vous l’avez cherchée sur Internet? Ou est-ce une photo d’un voyage que vous avez fait, que vous avez apprécié ou un endroit qui vous tient à cœur particulièrement?
- Qu’est-ce que vous avez voulu nous montrer? Est-ce que vous avez voulu nous apprendre quelque chose?
CORINNE VIONNET:
“Fujisan” signifie en japonais le mont Fuji qui se trouve au Japon. Donc bel et bien, ce titre est asiatique, comme tu le disais. J’ai longtemps pensé que “San” ajouté à “Fuji”, “Fujisan” était honorifique, comme pour personnaliser cette montagne. Mais en fait, dans ce contexte, ça signifie le mont ou la montagne. Donc du coup, “Fujisan”, le mont Fuji.
Pourquoi cette illusion de flou? Le flou ici est le résultat d’une centaine d’images superposées les unes sur les autres. Comme tu vois, le mont Fuji est un peu plus net que le reste, car la superposition s’est principalement concentrée sur cette montagne. Et pour le reste de l’image, c’est un peu comme une surprise et j’espère qu’il y a plusieurs lectures. Qu’il y a certains détails qui ressortent dans des moments différents, quand on regarde cette image.
Où se trouve le village qui semble triste et abandonné? Oh, je n’avais jamais réalisé l’aspect triste de cette ville, sur le devant de cette image. La superposition de plusieurs images amène à un mélange qui peut, par exemple, mélanger des bâtisses en bois avec des bâtisses en béton ou de la verdure. En plus, le mont Fuji est une montagne particulièrement symétrique: il y a des images qui proviennent d’un autre point de vue. Cela peut être la ville de Yoshida qui n’est pas abandonnée du tout, mais ça peut être aussi, par exemple, être le lac Kawaguchi.
Est-ce que ce sont des images superposées? Oui, oui, tout à fait. Dans cette œuvre, il y a une centaine d’images superposées. Elles sont toutes mises à un taux de transparence. Et si tu ressortais une seule image de cette composition, de cette centaine d’images, elle serait en majorité transparente. C’était important pour moi, parce que ça me fait penser un peu à notre souvenir. À nos souvenirs qui s’effacent doucement.
Est ce que vous avez pris cette photo, ou l’avez-vous trouvée sur Internet. S’agit-il d’une photo prise lors d’un voyage. Et est-ce un paysage qui vous plaît beaucoup? Je n’ai pris aucune photo pour confectionner ce mont Fuji. D’ailleurs, pour d’autres monuments de cette série intitulée “Photo Opportunities”, les photos proviennent toutes de l’internet, de sites de partage d’images. Il y a d’ailleurs des lieux dans lesquels je ne suis jamais allée, comme par exemple le Taj Mahal en Inde, ou plein d’autres en fait. Et j’aime beaucoup le Japon et le mont Fuji est un endroit qui me touche énormément. D’ailleurs, je travaille en ce moment avec un artiste japonais pour effectuer ensemble un panorama sur le sujet du mont Fuji.
Que voulez-vous nous montrer? L’idée de récolter des images de l’internet et d’en faire cette composition, comme ici avec le Fujisan, c’est de souligner le pouvoir de l’image, ainsi que notre comportement avec la photo. Ce besoin de prendre des photos et de les partager sur les réseaux sociaux. Ici, je prends comme exemples des lieux ou monuments connus. Quand on voyage, par exemple à Paris, on va voir la tour Eiffel et on prend une photo. C’est une partie du rituel. Ces images sont finalement assez uniformes; elles correspondent à ce que tout le monde connaît déjà. Et cela est un point important: quand on prend une photo d’un monument célèbre, on fait une image d’une image. Comme si nous étions préprogrammés pour faire cette photo. Et certes, cette photo est unique pour chacun de nous. C’est un souvenir. Mais une fois que je rassemble ces centaines d’images les unes sur les autres, en transparence, je tente de parler de ce pouvoir, de l’image, de notre mémoire collective.
Très belle suite à toi. Ciao!
°°
“ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!
C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?
Aujourd’hui, il a été question de “Fujisan” de Corinne Vionnet, visionnée, examinée par le regard curieux et expert de Bethel.
Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question au Musée d’art du Valais.
Et collectionnez l’art contemporain avec vos oreilles! Retrouvez-nous presque chaque semaine pour compléter votre collection avec un nouveau focus sur une œuvre récente d’un ou d’une artiste suisse.
Vous trouverez les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres sur le site artscool.ch.
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Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de Pro Helvetia, de la Fondation Gandur pour la Jeunesse, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz et du Pour-cent culturel Migros.
Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.
C’est une production Young Pods.