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Lou, Margaux & Simon Deppierraz

Lausanne, Cour du Collège de Chandieu: Lou et Margaux sont tour à tour un peu inquiets et fascinés par l'œuvre "Exercice de gravité" de Simon Deppierraz et sa pierre volante qui défie les lois de l’attraction terrestre.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Lou
Âge: 18 ans

Ton/votre heure préférée? L’heure ne dicte pas ma vie.
Quelle est l’odeur de la joie? L’air frais de la montagne.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Une salle de cinéma.

 

Nom: Margaux
Âge: 16 ans

Ton/votre heure préférée? Minuit, j’aime le passage d’un jour à l’autre; on peut être seul ou entouré.
Quelle est l’odeur de la joie? Le citron.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? La musique.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Lou
Âge: 18 ans

Ton/votre heure préférée? L’heure ne dicte pas ma vie.
Quelle est l’odeur de la joie? L’air frais de la montagne.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Une salle de cinéma.

 

Nom: Margaux
Âge: 16 ans

Ton/votre heure préférée? Minuit, j’aime le passage d’un jour à l’autre; on peut être seul ou entouré.
Quelle est l’odeur de la joie? Le citron.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? La musique.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Simon Deppierraz
Année de naissance: (*1984)

Ton/votre heure préférée? 9h00 du matin.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur de la montagne après une chute de neige.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Mon atelier.

Simon Deppierraz, Exercice de gravité, 2017 @ Kevin Seisdedos, CAL

Artiste: Simon Deppierraz (*1984)
Titre de l’oeuvre: Exercice de gravité
Année: 2017
Technique: Installation (Divers (câble inox, poulie en aluminium, pierre en polystyrène expansé, résine, fibre de verre, peinture)
Lieu d’exposition: Lausanne, Cour du Collège de Chandieu, Chemin de Chandieu 23

www.artenville.ch

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Simon Deppierraz
Année de naissance: (*1984)

Ton/votre heure préférée? 9h00 du matin.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur de la montagne après une chute de neige.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Mon atelier.

Transcription de l'épisode

Salut!

Je m’appelle Margaux, j’ai seize ans et j’habite à Lausanne.

L’art pour moi, c’est ce qui différencie l’humanité de la barbarie et une façon de dénoncer les problèmes de la société.

 

Salut!

Je m’appelle Lou, j’ai dix-huit ans et j’habite à Lausanne.

L’art pour moi, c’est un moyen de s’évader du monde et de pouvoir s’exprimer librement.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec une œuvre de Simon Deppierraz qui se trouve à Lausanne. Tu viens?

 

LOU: OK, alors là, il faut qu’on trouve l’œuvre d’art qui se trouve dans le préau de l’école de Chandieu.

MARGAUX: Attends! Là, je vois une place de jeux.

LOU: Ouais, elle est toute neuve. Il y a des enfants qui font de la balançoire…

MARGAUX: C’est trop mignon!

LOU: Mais je crois que ce n’est pas là que l’œuvre se trouve. Il faut qu’on se rapproche du collège.

MARGAUX: Je ne l’imaginais pas du tout comme ça! C’est assez imposant quand même, un caillou comme ça! Pour ceux qui ne peuvent pas la voir, c’est en fait un long fil qui est tendu entre les deux bouts du bâtiment et au milieu, il y a une grosse pierre qui est en suspension et qui tord un peu le fil.

LOU: Et ce qui est assez marrant, c’est que quand on se rapproche de cette œuvre d’art, on a l’impression d’y voir un mouvement léger. Qu’elle tangue! Et ça c’est intéressant, parce qu’elle n’est pas statique. Donc elle pourrait tomber à tout moment!

Ce qui est assez fou aussi, c’est qu’on voit sur les vitres de l’école qui est juste en face de l’œuvre des dessins d’enfants et je trouve que ça fait un gros contraste avec cette grosse pierre qui nous oppresse.

MARGAUX: C’est vrai que c’est assez incroyable le lien entre les enfants, parce que c’est en fait la jeunesse, le futur et cette pierre qui oppresse. Quand on est dessous, on a peur qu’elle nous tombe dessus, qu’elle nous écrase. Et peut-être que c’est un message de l’auteur qui veut nous faire comprendre le poids qu’il y a sur les jeunes de nos jours.

Je trouve que cette œuvre visuellement parlant, en tout cas, elle est assez horrible. On voit ce gros caillou tout bruns, avec des petites traces… un peu de rouille on dirait… sur un cordage en métal. C’est pas c’est pas du tout accueillant, pas plein de couleurs, c’est très monotone. Et c’est peut-être le côté intéressant de cette œuvre…

LOU: Moi, au contraire, j’aime beaucoup. On arrive là, dans ce collège qui est assez calme, et on a cette pierre, qui elle aussi est très calme. Moi j’aime bien, parce que ça, ça fait vraiment un contraste avec le collège et je la trouve belle, cette pierre. Je ne pourrais pas dire pourquoi je la trouve belle, mais je l’aime bien: elle est là, au-dessus de nous, elle vole, elle bouge, il y a des gouttes d’eau.

MARGAUX: On va regarder un peu plus en détail de quoi il s’agit. Donc, l’œuvre s’appelle Exercice de gravité. C’est une œuvre qui a été réalisée par Simon Deppierraz en 2017. C’est une installation avec divers matériaux: il y a un câble en inox, une poulie en aluminium, la pierre, c’est en polystyrène, expansé, en résine, en fibre de verre et il y a également de la peinture.

LOU: Alors je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait de la peinture dessus! Mais c’est vrai que si on regarde précisément là, on voit qu’il y a de la peinture qui a coulé et qui a même un trou. Dans ce dans, on arrive à voir l’artifice de la pierre.

MARGAUX: Ce qu’on comprend surtout, c’est que ce n’est pas du tout une vraie pierre! C’est en fait du polystyrène, donc c’est un décor. On s’est fait berner, Lou! Parce que parce qu’on y a cru, nous, à cette pierre… Alors que pas du tout, c’est tout léger et donc peut-être que ça représente au final autre chose. 

LOU: Et on n’a pas du tout parlé de la gravité. Et c’est vrai que c’est assez cool comme titre. 

MARGAUX: Oui et c’est intéressant aussi l’idée de la gravité, puisqu’on y est tous soumis sur terre, et même dans l’espace.

LOU: C’est le moment de poser des questions à l’artiste… Et j’en ai une qui me frappe directement parce qu’on s’est fait berner avec Margaux.

SIMON DEPPIERRAZ: Salut Lou et Margaux. Je vais tenter de répondre à vos questions.

LOU: Pourquoi tout cet artifice? Pourquoi pas simplement une pierre?

MARGAUX: Elle aurait pu être rouge la pierre?

SIMON DEPPIERRAZ: Une vraie Pierre n’était pas envisageable, car le bâtiment n’est pas assez solide pour les contraintes statiques. Il faut savoir que pour cette simple pierre, il a fallu mettre des câbles de huit millimètres qui sont capables de tenir une charge de quatre tonnes… deux grosses voitures en somme.

De plus, j’aime jouer avec le vrai et le faux, le faux lourd, le vrai léger… Créer des situations oú on ne sait pas trop si c’est possible ou non. L’image d’Épinal de la pierre fait que l’on attribue son autorité naturellement, par sa forme et sa matérialité. Par exemple, la lampe qui se trouve à trente mètres dans la rue, suspendue entre deux bâtiments, pèse le même poids que ma pierre, mais on ne lui attribue aucune menace. Je ne voulais pas une pierre rouge car elle est censée représenter un caillou que l’on pourrait trouver sur place, ou qui soit venu des montagnes. Dans la région, ce serait donc du calcaire.

MARGAUX: Pourquoi le choix d’une pierre? Est-ce que ça aurait pu être un autre objet lourd ou c’est vraiment le symbole de la pierre qui est important?

SIMON DEPPIERRAZ: Pour moi, les pierres représentent évidemment quelque chose de solide, d’immuable et de lourd. Néanmoins, les pierres se déplacent; elles se cassent. Elles sont aussi témoins du temps. Nous avons en Suisse une fascination pour les pierres erratiques, ces cailloux qui sont transportés par les glaciers. Elles se retrouvent tout à coup posées au milieu de nulle part, après la fonte glaciaire. Nous aimons aussi faire des limitations avec les pierres: des parkings, des bords de route, etc. S’oppose alors une sorte de mystification de la pierre avec les blocs erratiques et un côté très pragmatique, lorsqu’on les utilise comme barrière ou pour délimiter des espaces. J’ai voulu faire voler ce caillou, créer une situation loufoque. Une pierre qui soit soit sortie de la Terre, qui soit venue des glaciers, ou qui soit simplement une signalisation du centre de la cour.

LOU: Pourquoi cette pierre en suspension qui nous oppresse dans cette école en plein milieu de cette cour? 

SIMON DEPPIERRAZ: Avoir une pierre au-dessus de la tête, qu’est ce que cela provoque en nous? Qu’est ce que ça provoque sur les autres? Qu’est ce que ça provoque chez les adultes? Qu’est ce que ça provoque chez les enfants, qui n’ont pas encore le même bagage culturel? Quelle émotion? De la peur? De l’amusement? Comment ça tient? Qu’y a-t-il autour?

Se demander comment les choses tiennent, c’est une question qu’on peut se poser dans un tas d’autres situations de la vie de tous les jours. Se demander comment c’est fait aussi… Cela rejoint cette idée d’exercice. Comme vous l’avez bien dit, l’art est un moyen de s’exprimer librement, de matérialiser des choses imaginaires, de poser des questions.

LOU: Est ce que c’est voulu que les câbles fassent tout le tour du bâtiment?

SIMON DEPPIERRAZ: Oui, c’est voulu. Le bâtiment était déjà fini, lorsqu’on m’a proposé d’intervenir. J’avais envie de faire un geste qui soit délicat et perturbateur. Cette pierre avec son câble qui enlace le bâtiment, c’est comme un bijou, un collier pour bâtiment.J’avais aussi le souhait que le câble soit visible depuis les fenêtres à l’intérieur, de façon discrète mais présente. Le câble dessine une ligne que l’on peut suivre à l’extérieur. Ça nous permet de découvrir l’école avec un autre regard.

La pierre, le pendentif, si on veut, se trouve elle au milieu de la cour d’école. Elle pointe le centre de celle-ci. C’est surprenant, menaçant et amusant. Enfin, le câble n’est pas fixé au bâtiment. En faisant le tour de cette façon, ça veut dire que si l’on coupe le câble, tout s’effondre.

MARGAUX: L’œuvre d’art s’intitule Exercice de gravité. Pourquoi “Exercice”? 

SIMON DEPPIERRAZ: Ce titre m’est venu assez naturellement en repensant aux exercices scolaires, notamment ceux de physique et de maths. Cela fait donc référence aux études scolaires, mais aussi à une étude artistique, une recherche. J’ai aussi pensé que ça pourrait peut-être soulever des questions auprès des enfants, des parents et des enseignants. L’exercice suggère une notion d’apprentissage mais comporte aussi un aspect ludique.

LOU: Est ce que c’est dans votre habitude de travailler avec cette tension, cette suspension et cette oppression?

SIMON DEPPIERRAZ: Oui, je travaille beaucoup avec la gravité, la tension, les frottements, comment les choses s’imbriquent. La gravité me fascine, car on y est tous soumis, que l’on soit humains, animaux, végétaux. Et on doit trouver un équilibre avec cette condition.

MARGAUX: Est-ce que le polystyrène, ça peut durer dans le temps, avec l’eau qui peut tomber et abîmer la structure?

SIMON DEPPIERRAZ: Je me suis renseigné auprès des fournisseurs pour avoir des matériaux qui durent dans le temps. Une petite précision sur la construction du caillou, le polystyrène est renforcé de fibre de verre et de bio résine, puis il est peint et enfin vernis comme une carrosserie.

LOU: Simon, qui travaille avec la pierre… dit comme ça, c’est assez comique. Est ce qu’il y a un lien?

SIMON DEPPIERRAZ: Vous n’êtes pas les premiers à le relever. On va dire que c’est une drôle de coïncidence… D’une pierre, deux coups quoi!

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette deuxième saison, notre podcast vous invite à des explorations hors des lieux habituels d’exposition, le plus souvent en plein air! Chaque semaine, ou presque, nous découvrons ainsi ensemble une création artistique située dans l’espace public quelque part en Suisse.

Aujourd’hui, il a été question de “Exercice de gravité” de Simon Deppierraz, examinée par le regard curieux de Lou et Margaux. Ne manquez pas d’aller découvrir en vrai l’œuvre dont il était question à Lausanne, dans la cour du Collège de Chandieu. Cette installation fait partie d’Art en ville, collection d’œuvres d’art dans l’espace public lausannois gérée par le Service de la culture de la Ville.

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, du Pour-cent culturel Migros, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Bâle-Ville, Berne, Thurgovie, Vaud, Zoug, Zurich,  ainsi que des villes d’Yverdon-les-bains, Zoug et Zurich.

Avec les voix de Florence Grivel pour la version française et de Stephan Kyburz pour la version allemande.
Musique et habillage sonore par Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods (youngpods.ch).