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Scott & Christian Gonzenbach

Genève – Atelier de Christian Gonzenbach (2/2): Scott découvre un pistolet dans la riche collection d’objets de l’artiste et se demande ce que cet objet fait là.
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MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Scott
Âge: 14 ans

Ton/votre heure préférée? 3h du matin: d’habitude j’écoute de la musique et je dessine.
Quelle est l’odeur de la joie? Le chocolat fondu.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Sous le lit.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Scott
Âge: 14 ans

Ton/votre heure préférée? 3h du matin: d’habitude j’écoute de la musique et je dessine.
Quelle est l’odeur de la joie? Le chocolat fondu.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Sous le lit.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Christian Gonzenbach
Année de naissance: (*1975)

Ton/votre heure préférée? Très très tard, quand on croit que c’est terminé, qu’on ne peut pas aller plus loin et qu’en fait tout recommence.
Quelle est l’odeur de la joie? La pluie sur le bitume et l’odeur du vin rouge.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Je ne me cache pas tellement en fait.

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Vue d'atelier: Christian Gonzenbach, 2024 © art's cool

Artiste: Christian Gonzenbach (*1975)
Domaines d'activité: sculpture, installation, vidéo, arts visuels
Atelier situé à: Genève

 

Christian Gonzenbach est né à Genève en 1975.
Il vit et travaille à Genève.

Au carrefour des sciences naturelles et des sciences artistiques, Christian Gonzenbach œuvre comme un chercheur dont la production prend des formes aussi variables que les expérimentations qui jalonnent son parcours.

Bien que pluriels, ses modes d’expression dénotent tous l’envie de comprendre notre monde – questionnant par exemple la théorie de Darwin ou les lois de la pesanteur – par des voies peu conventionnelles, et de le donner à voir autrement, comme pour ouvrir le champ de nos perceptions.

Ses travaux sont le résultat d’une alchimie équilibrée entre une observation quotidienne de la vie au sens large du terme, une curiosité insatiable, une imagination poétique et un besoin constant de renouvellement.

Source: Karine Tissot: “Christian Gonzenbach”, in SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse, 2014.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Christian Gonzenbach
Année de naissance: (*1975)

Ton/votre heure préférée? Très très tard, quand on croit que c’est terminé, qu’on ne peut pas aller plus loin et qu’en fait tout recommence.
Quelle est l’odeur de la joie? La pluie sur le bitume et l’odeur du vin rouge.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Je ne me cache pas tellement en fait.

Transcription de l'épisode

Salut, je m’appelle Scott, j’ai quatorze ans, j’habite à Cugy.

 

L’art pour moi, c’est exprimer ses sentiments pour montrer la réalité d’une autre façon.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Christian Gonzenbach dans son atelier près du CERN à Genève. Tu viens?

 

SCOTT: Je me retrouve dans l’atelier, je regarde autour de moi: il y a beaucoup de trucs, il y a beaucoup d’engins… Je me demande quel est leur rapport avec l’art.

Bonjour! Je m’appelle Scott.

CHRISTIAN GONZENBACH: Bienvenue Scott.

SCOTT: D’après ce que j’ai entendu, vous aimez bien faire des expérimentations et tester des matières, des phénomènes scientifiques…

CHRISTIAN GONZENBACH: Effectivement, j’aime confronter des matériaux, créer des expériences plutôt physiques (parce que c’est la confrontation entre une matière et une autre) ou même chimiques. Ce sont des choses qui m’excitent parce qu’elles permettent l’apparition du nouveau et le nouveau est toujours un territoire à explorer.

SCOTT: J’ai repéré parmi tous les objets un pistolet et je me disais “c’est quoi le rapport entre l’art et un pistolet?” Il est assez vieux, on dirait un pistolet de pirate…

CHRISTIAN GONZENBACH: Ah, c’est un drôle de choix. Souvent on travaille avec des choses qu’on aime, on choisit comme modèles des choses qui nous plaisent. Mais moi je m’intéresse aussi à travailler avec des choses que je n’aime pas du tout. Et je n’ai pas du tout d’attrait pour les pistolets. Du coup, le rapport que j’ai avec un tel objet, c’est presque une forme de répulsion. Comment en faire une œuvre, ça c’est c’est un défi! Ici, c’est plutôt par son archétype de pistolet de pirate que je l’ai utilisé.

SCOTT: Mais comment est-ce que vous trouvez vos objets?

CHRISTIAN GONZENBACH: J’essaye d’être le plus ouvert possible; à l’écoute de ce que les choses peuvent me raconter. Chaque objet a été pensé et fabriqué, qu’il soit unique ou produit en série. Qu’il ait nécessité des heures de manufacture ou qu’il sorte d’une machine qui l’a pondu en même temps que des millions d’autres, chaque objet raconte une histoire. Chaque objet est ancré dans une époque, dans un matériau; c’est finalement ce que les objets disent sur nous qui m’intéresse. C’est le rapport qu’on a avec eux. Le pistolet que vous avez choisi, bien qu’il soit archaïque, c’est quand même une technologie faite pour la destruction. C’est fait pour pour tirer, pour tuer; c’est une énergie qui a été construite pour déconstruire. Toute cette énergie qui est mise, plus que jamais malheureusement, dans la destruction des choses, la destruction d’autres personnes, ça ne m’attire pas mais ça me fascine. Comment on peut mettre autant d’énergie pour détruire quelque chose par exemple.

SCOTT: Est-ce que vous faites de l’art pour donner de la paix?

CHRISTIAN GONZENBACH: Ah j’aimerais tellement pouvoir dire oui, mais je n’ai pas cette ambition-là malheureusement. C’est sûr que quand on fait de l’art on n’est pas en train de faire la guerre, c’est déjà ça. Je pense que l’art peut nous aider à nous positionner, en tant qu’individus, face au monde. Par contre, malgré des plus de vingt ans de pratique, je n’ai pas l’impression de faire un art qui soit salvateur; je n’ai pas pu résoudre les problèmes du monde dans mon atelier malheureusement.

SCOTT: Vous achetez vos objets?

CHRISTIAN GONZENBACH: Effectivement ça m’arrive. J’ai déjà trouvé des statues devant ma porte parce que des gens savent que je suis intéressé et viennent me les donner plutôt que de les amener ailleurs. Sinon je les achète, je les troque, je les échange, je les trouve… Il y a plein de moyens. Les objets ont des origines très diverses et ce qui m’intéresse dans ma grande collection qui est sous vos yeux, c’est que je mélange les genres. Et les valeurs aussi. Il y a des objets en plastique qui ne valent rien et des objets qui sont très précieux: et finalement ce qui m’intéresse le plus dans tout ça, c’est la charge qui est donnée aux objets sacrés ou profanes. Et j’essaie de comprendre, de décortiquer et peut-être de voir comment est-ce qu’on peut rendre un objet plus intéressant qu’il ne l’est.

SCOTT: J’ai vu que vous aviez des fours…

CHRISTIAN GONZENBACH: J’ai plusieurs fours céramique; je les utilise pour fabriquer des pièces en céramique, mais aussi pour cuire les moules pour couler le métal, le bronze par exemple. J’ai beaucoup d’outillage; ça donne juste des possibilités en fait. Et cet atelier est extrêmement fonctionnel: faire un moule qui nécessite un un morceau de bois, souder quelque chose en métal, couler du silicone… en très peu de temps, je peux réaliser beaucoup de choses. C’est un atelier qui fonctionne, qui est très utile.

SCOTT: Et je vois que vous avez beaucoup d’animaux empaillés, pourquoi vous avez ça?

CHRISTIAN GONZENBACH: Effectivement il y a pas mal d’animaux; certains sont empaillés, d’autres sont en peluche, d’autres sont dépiautés, il n’en reste que le squelette. Actuellement, je ne travaille pas beaucoup avec.
Je crois que l’animal, c’est ce qui nous confronte à une partie de nous qui n’est justement pas culturelle, qui nous échappe en permanence, qui est un peu sauvage. L’animal me permettait en explorant ce côté animal, de questionner un peu notre rapport à l’autre. Comment pense un animal? Comment vit un animal? J’ai fait tout un travail sur les baleines: on ne sait pas ce qu’elles pensent les baleines, on sait qu’elles parlent, on sait qu’elles communiquent, qu’elles se touchent, mais finalement est-ce qu’on saura jamais ce qu’elles pensent vraiment…? Je crois que ce sont des questions fascinantes.

SCOTT: Est-ce que vous faites de l’art tous les jours ou est-ce que vous avez un truc à côté?

CHRISTIAN GONZENBACH: Une fois qu’on fait de l’art, on en fait huit jours par semaine, ça c’est obligatoire. J’enseigne aussi à la Haute école d’art de Genève, la Head; c’est une façon de partager ce qui m’occupe, ma passion. Mais mon atelier, il tourne tout le temps; il ne s’arrête jamais.

SCOTT: Merci beaucoup pour tout.

CHRISTIAN GONZENBACH: Merci d’être venu et merci pour vos yeux et votre curiosité.

SCOTT: Et à bientôt!

CHRISTIAN GONZENBACH: Volontiers.

 

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant.

Aujourd’hui, Scott a rencontré Christian Gonzenbach dans son atelier à Genève.

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.