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Ivan & Mingjun Luo

Bienne (Berne) - Atelier de Mingjun Luo (1/2): Ivan discute des racines et de l'identité avec l'artiste chez laquelle co-existent de façon intime et vivante ses deux cultures chinoise et suisse.
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MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Ivan
Âge: 19 ans

Ton/votre heure préférée? 22h, la journée se termine, c’est juste avant de m’endormir.
Quelle est l’odeur de la joie? Les odeurs de nature.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Aller à l’étranger.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Ivan
Âge: 19 ans

Ton/votre heure préférée? 22h, la journée se termine, c’est juste avant de m’endormir.
Quelle est l’odeur de la joie? Les odeurs de nature.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Aller à l’étranger.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mingjun Luo
Année de naissance: (*1963)

Ton/votre heure préférée? Si je suis seule, vers 17h ou 18h; je suis très en forme.
Quelle est l’odeur de la joie? Les fleurs, proches du jasmin.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? L'atelier.

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Vue d'atelier: Mingjun Luo, 2025 © art's cool

Artiste: Mingjun Luo (*1963)
Domaines d'activité: dessin, peinture, photographie, vidéo, installation
Atelier situé à: Bienne (Berne)

 

Mingjun Luo est née en 1963 à Nanchong (Province Sichuan, Chine).
Elle vit et travaille à Bienne.

Née en Chine, Mingjun Luo a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de l’Université Normale du Hunan entre 1979 et 1983. Assistante en dessin à l’Académie des Beaux-Arts, elle a reçu le Prix de la Province du Hunan en 1984. En 1985, elle a fondé le “Groupe d’Art 0”, un collectif d’artistes d’avant-garde, avec ses camarades d’études. Elle est arrivée en Suisse en 1987 et s’est installée à Bienne.

Au fil des années, l’exploration des concepts d’identité et de mémoire a toujours été présente dans les œuvres de Luo Mingjun. Dans les interstices entre les cultures chinoise et occidentale, face aux changements idéologiques et aux mutations de l’identité culturelle engendrés par ces deux environnements opposés, elle s’est créée un terrain d’entente propice au dialogue et à la communication: un “troisième espace” où les différents éléments culturels peuvent se fondre, être filtrés, puis transformés en un style artistique personnel.

Source: luomingjun.com (Traduction Young Pods)

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mingjun Luo
Année de naissance: (*1963)

Ton/votre heure préférée? Si je suis seule, vers 17h ou 18h; je suis très en forme.
Quelle est l’odeur de la joie? Les fleurs, proches du jasmin.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? L'atelier.

Transcription de l'épisode

Salut, je m’appelle Ivan, j’ai dix-neuf ans, j’habite à Fribourg.

 

L’art, pour moi, c’est une manière d’exprimer ses sentiments et ses émotions lorsqu’on est confronté à quelque chose.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Mingjun Luo dans son atelier à Bienne, tu viens?

 

IVAN: Après avoir traversé toute la ville de Bienne, j’ai monté des escaliers très raides pendant un certain temps et j’arrive au bout de la ville, sur une petite colline. Je m’apprête à entrer dans l’atelier de l’artiste. Mais il faut d’abord que je le trouve… C’est un petit quartier résidentiel très chouette, très joli. Ah! 45, voilà l’adresse! J’arrive devant l’atelier de Mingjun Luo, je sonne… même pas besoin, la porte est ouverte!

Bonjour, je suis Ivan. Enchanté.

MINGJUN LUO: Enchantée, Mingjun Luo, entrez seulement.

IVAN: Merci beaucoup. C’est très spacieux comme endroit! Il y a une énorme table en plein milieu, très blanche. Elle sert à quoi cette table?

MINGJUN LUO: C’est pour travailler. C’est quelqu’un qui l’a faite pour moi, parce que je travaille beaucoup avec du papier. Quand je travaille avec du papier, je dois utiliser une grande table. Et celle-ci n’est pas très grande… j’en voudrais bien une deuxième, mais je n’ai plus de place!

IVAN: Vous venez de parler du papier et ça m’évoque aussi la Chine. Si je ne me trompe pas, c’est votre pays d’origine. Est-ce que ça a un lien? Est-ce que le papier est une matière importante pour vous?

MINGJUN LUO: Oui, le papier c’est important dans mon travail. En plus, quand je finis un travail, je réalise moi-même le travail de collage. Vous remarquez que j’ai d’autres tables pour pouvoir travailler des papier différents: il y a du papier de Chine et il y a du papier d’Europe. Le papier, on ne peut pas le laisser par terre.

IVAN: C’est très ordonné, très rangé. Je vois que chaque instrument a son petit crochet, sa petite place. L’ordre, c’est important?

MINGJUN LUO: Ah oui bien sûr. S’il n’y a pas d’ordre, on ne peut pas trouver tout de suite les outils et on perd du temps. En plus, je travaille beaucoup de différents matériaux et techniques: la peinture, le papier, des objets, des photos… Donc je suis obligée de bien ranger.

IVAN: Quand on arrive dans l’appartement, on voit immédiatement les œuvres au mur. Mais là, je vois je vois un petit coussin avec des taches noires dessus. C’est aussi une de vos œuvres?

MINGJUN LUO: Ça c’est une œuvre qui n’est pas encore terminée; c’est un essai. C’est du papier justement. C’est du papier chinois, déformé avec de l’eau.

IVAN: C’est quoi exactement la différence entre le papier européen et le papier chinois?

MINGJUN LUO: Le papier chinois c’est beaucoup plus souple. On peut le retravailler, on peut le restaurer plus facilement. Si on fait un trou par exemple, on peut le réparer. Le papier européen, c’est plus lourd, c’est plus rigide et c’est difficile de faire des réparations. Le papier chinois est fait avec des éléments naturels comme le blé, le riz ou des écorces d’arbres. Et il est souvent fait à la main. Le papier européen lui est généralement fait à la machine maintenant.

IVAN: Vous avez évoqué vos origines donc qui sont orientales et occidentales; est-ce que ça vous influence dans vos thèmes et dans ce que vous peignez? Est-ce que c’est quelque chose qui est en conflit ou, à l’inverse, qui va ensemble pour vous?

MINGJUN LUO: Ce n’est pas en conflit. J’appelle mon atelier le “troisième espace”; ça veut dire que ce n’est ni la Chine ni la Suisse. C’est mon propre espace: je suis entre les deux cultures. Et je travaille les questions de l’identité entre les deux cultures.

IVAN: Est-ce que vous êtes née en Suisse?

MINGJUN LUO: Je suis arrivée en Suisse quand j’étais jeune: j’avais vingt-quatre ans. C’était il y a quarante ans. J’ai fait toutes mes études artistiques en Chine, mais j’ai travaillé comme artiste en Suisse.

IVAN: Est-ce que vous pensez que vous seriez artiste si vous étiez restée en Chine

MINGJUN LUO: Oui parce que j’étais enseignante dans une académie de beaux-arts alors j’aurais poursuivi ma carrière comme artiste.

IVAN: Je vais vous lire quelques informations sur vous et vous me direz ensuite si vous avez l’impression que ça correspond: “La pratique de Mingjun Luo s’inscrit dans une exploration des notions d’identité et de mémoire, partagée entre la culture chinoise et la culture suisse. Elle envisage son travail comme un “troisième espace”, un terrain hybride et fertile où elle se nourrit de différentes traditions et développe son propre langage dans un mouvement continu entre Asie et occident.

MINGJUN LUO: C’est correct et très bien écrit.

IVAN: Est-ce que vous vivez ici, dans cette maison?

MINGJUN LUO: Oui, je vis ici. C’est particulier. Deux raisons ont motivé ce choix: la première raison c’est que j’étais mère avec des petits enfants, donc c’était plus pratique pour moi de vivre où je travaillais. Je pouvais ainsi travailler même pendant qu’ils faisaient leurs devoirs.

La deuxième raison, c’est une question de finances: en tant qu’artiste, je ne gagnais pas ma vie comme une personne salariée: je ne pouvais pas me permettre de mettre mes enfants dans un crêche ou de louer un atelier extérieur. Cela impliquerait aussi d’avoir une voiture pour les déplacements ou de prendre le train et de perdre beaucoup de temps dans les trajets.
Maintenant mes enfants sont grands, mais j’ai été contente d’avoir mon atelier chez moi durant le covid. Et aussi parce que c’est devenu difficile de vendre comme artiste aujourd’hui et ça m’a sauvée.

IVAN: Vous avez un rituel quand vous arrivez dans votre atelier?

MINGJUN LUO: Ah oui, je me réveille, je bois mon café et je regarde mes mails et les réseaux sociaux pour voir s’ il y a quelque chose auquel je dois répondre. Je prends aussi généralement mes rendez-vous le matin, puis après je commence à travailler. À midi, je mange et si personne ne rentre, je travaille ensuite jusqu’à huit heures du soir. Si mon mari ou les enfants rentrent, je commence à cuisiner à 6 heures. Donc chaque jour, je travaille au moins 4 heures dans l’atelier et souvent 6 à 8 heures. Chaque jour, même le samedi et le dimanche.

IVAN: Vous travaillez beaucoup dans votre atelier; est-ce une forme de cocon pour vous? Et comment est-ce que ça se passe avec le moment où vous exposez, qui est un moment radicalement différent? Est-ce que c’est un moment que vous appréciez?

MINGJUN LUO: Ça fait toujours plaisir d’être exposée dans un endroit qu’on aime, mais honnêtement le meilleur moment pour moi c’est quand je travaille dans l’atelier. Ce n’est pas le jour de vernissage qui m’apporte le bonheur. Je suis contente de rencontrer des gens, mais il y a toujours cette peur du jugement. J’aime bien voir mes œuvres ailleurs, échanger et recevoir des critiques des gens, soit bonnes soit mauvaises, mais comme artiste, ce que je préfère c’est travailler dans l’atelier quand même.

IVAN: Est-ce que vous avez une définition de de l’art?

MINGJUN LUO: Oh ça c’est une grande question! Comme artiste, quand je suis devant une œuvre je ne suis pas simplement l’audience qui regarde et qui y prend plaisir; je regarde comment l’artiste a fait. Si c’est en peinture ou si c’est une installation vidéo, ça me donne des sensations différentes. Parfois, ça me donne une idée… Souvent j’analyse comment il a fait et je suis comme une apprentie qui apprend de l’autre artiste.

IVAN: Merci beaucoup pour la présentation de cet atelier et de votre vie.

MINGJUN LUO: Merci d’être venu de loin pour me poser toutes ces questions.

 

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant. Aujourd’hui, Ivan a rencontré l’artiste Mingjun Luo dans son atelier à Bienne (Berne).

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.