Skip to content

Amedeo & Mingjun Luo

Bienne (Berne) – Atelier de Mingjun Luo (2/2): Amedeo pénètre dans l’univers lumineux de l’artiste sino-suisse. Ensemble, ils observent les liens sensibles entre tradition et création contemporaine, entre ici et là-bas, du pinceau au magnolia en fleurs.
RESIZED_0278

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Amedeo
Âge: 20 ans

Ton/votre heure préférée? 11h du matin, quand je peux me réveiller tard et que les draps sont chauds.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur du bitume après la pluie.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Une cabane créée avec de la toile et des bâtons.

MINI-PORTRAIT DE LA / DU JEUNE

Nom: Amedeo
Âge: 20 ans

Ton/votre heure préférée? 11h du matin, quand je peux me réveiller tard et que les draps sont chauds.
Quelle est l’odeur de la joie? L’odeur du bitume après la pluie.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? Une cabane créée avec de la toile et des bâtons.

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mingjun Luo
Année de naissance: (*1963)

Ton/votre heure préférée? Si je suis seule, vers 17h ou 18h; je suis très en forme.
Quelle est l’odeur de la joie? Les fleurs, proches du jasmin.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? L'atelier.

RESIZED_0280

Vue d'atelier: Mingjun Luo, 2025 © art's cool

Artiste: Mingjun Luo (*1963)
Domaines d'activité: dessin, peinture, photographie, vidéo, installation
Atelier situé à: Bienne (Berne)

 

Mingjun Luo est née en 1963 à Nanchong (Province Sichuan, Chine).
Elle vit et travaille à Bienne.

Née en Chine, Mingjun Luo a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de l’Université Normale du Hunan entre 1979 et 1983. Assistante en dessin à l’Académie des Beaux-Arts, elle a reçu le Prix de la Province du Hunan en 1984. En 1985, elle a fondé le “Groupe d’Art 0”, un collectif d’artistes d’avant-garde, avec ses camarades d’études. Elle est arrivée en Suisse en 1987 et s’est installée à Bienne.

Au fil des années, l’exploration des concepts d’identité et de mémoire a toujours été présente dans les œuvres de Luo Mingjun. Dans les interstices entre les cultures chinoise et occidentale, face aux changements idéologiques et aux mutations de l’identité culturelle engendrés par ces deux environnements opposés, elle s’est créée un terrain d’entente propice au dialogue et à la communication: un “troisième espace” où les différents éléments culturels peuvent se fondre, être filtrés, puis transformés en un style artistique personnel.

Source: luomingjun.com (Traduction Young Pods)

MINI-PORTRAIT DE L'ARTISTE

Nom: Mingjun Luo
Année de naissance: (*1963)

Ton/votre heure préférée? Si je suis seule, vers 17h ou 18h; je suis très en forme.
Quelle est l’odeur de la joie? Les fleurs, proches du jasmin.
C’est quoi ta/votre cachette favorite? L'atelier.

Transcription de l'épisode

Salut je m’appelle Amedeo j’ai 20 ans j’habite à Rolle.

 

L’art pour moi c’est créer du beau pour les gens.

 

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec l’artiste Mingjun Luan dans son atelier à Bienne. Tu viens?

 

 

AMEDEO: Bonjour, je suis Amedeo. Ravi.

MINGJUN LUO: Entrez, c’est plaisir de vous recevoir.

AMEDEO: Comment est-ce que je dois prononcer ton nom?

MINGJUN LUO: Alors mon nom c’est Luo Mingjun. En Chine, Luo c’est mon nom de famille et Mingjun c’est mon prénom, mais en Chine on met toujours le nom de famille avant. Alors Mingjun Luo c’est la manière européenne de prononcer mais en Chine tout le monde m’appelle Luo Mingjun.

AMEDEO: Est-ce que tu préfères la manière européenne ou la manière chinoise?

MINGJUN LUO: Chinoise, bien sûr. Ici parfois les gens m’écrivent “Bonjour Luo” et c’est bizarre. Je ne vais pas corriger les gens, mais c’est comme pour Ai Weiwei: personne ne l’appelle Ai. Ai c’est son nom de famille, Weiwei c’est son prénom.

AMEDEO: Il y a vraiment une sensation de lumière dans cet atelier, c’est très agréable. On se sent bien tout de suite. J’ai regardé autour de moi et il y a un objet qui m’a vraiment intrigué. C’est cette créature bleu ciel; je me demandais qu’est-ce que c’était. Et qu’est-ce que ça évoquait…

MINGJUN LUO: C’est simplement un objet pour poser les pinceaux pour l’encre de chine. C’est une sorte de poisson que j’avais reçu quand j’avais acheté des matériaux dans un magasin. J’avais acheté beaucoup de pinceaux et le monsieur, tout content, m’avait offert cet objet.

AMEDEO: Elle est très jolie cette structure en céramique à l’identité fluide! Et je suis content, parce que j’avais beaucoup hésité à vous présenter plutôt un pinceau. Je vois qu’il y a une grande importance des pinceaux. Il y a par exemple une œuvre au mur avec un pinceau qui, je suppose, fait partie intégrante de l’œuvre. J’ai aussi vu un pinceau avec un manche en corne absolument magnifique. Qu’est-ce que c’est le pinceau pour vous?

MINGJUN LUO: Le pinceau, c’est important pour un artiste. Pour une Chinoise c’est liée avec la vie quotidienne quotidienne. On utilise un pinceau pour faire les calligraphies. Et cette peinture-là, c’est un projet. Je ne suis pas encore décidée si je le fais ou pas: ce pinceau il n’appartient pas à cette peinture et je n’ai jamais fait des 3 dimensions dans ma peinture… mais c’est une idée.

AMEDEO: On en vient à la calligraphie. C’est quelque chose que j’ai toujours trouvé magnifique et je vois que c’est un médium que tu utilises aussi comme partie intégrante d’une œuvre. Qu’est-ce que c’est l’influence de la calligraphie dans la tension occidentalo-chinoise de ta création? Et quelle est la place du langage là-dedans?

MINGJUN LUO: Je n’utilise pas la calligraphie directement dans mon travail. La calligraphie, c’est comme la pratique régulière de la musique pour un musicien, ou c’est comme un écrivain qui doit lire des livres pour nourrir son travail. La calligraphie, c’est cette nourriture. C’est une tradition. En Chine, l’écriture et la peinture ont la même source. Alors quand j’ai des difficultés, je me recharge à cette source.

AMEDEO: Je vois au mur ces deux peintures qui comportent de la peinture blanche. À gauche, il y a un arbre en peinture blanche et puis à droite, on dirait que c’est un dessin issu d’une photo; c’est un monsieur assis sur un banc, dans un jardin ou dans un parc, qui regarde le sol ou quelque chose hors champ. Je me demandais si dans ton œuvre, il y a une volonté de parler des turbulences, du dynamisme, des problèmes auxquels on est confronté dans notre monde, ou si tu es investie d’une autre mission?

MINGJUN LUO: Je pense que ce que l’artiste voit dans le monde est traversé de ce qu’il a vécu et il réagit. Moi je préfère réagir de façon douce. Cette peinture, c’est mon deuxième fils. C’est un vieux travail qui date de 2009. Il est resté longtemps dans mon stock, mais dernièrement je me suis dit: “ah je n’aime pas ce dos qui est si rond”, alors je l’ai sorti en me demandant si je pouvais le corriger un peu ou pas. De l’autre côté, c’est un arbre ça peut être un magnolia ou un autre arbre. Le magnolia me connecte avec d’où je viens. Quelqu’un m’a dit que le magnolia venait de Chine, comme moi. Quand il fleurit, chaque printemps, il remplit les fenêtres de mon atelier; alors là je ne peux pas l’ignorer. Quand j’ai appris qu’il venait aussi de la Chine ça m’a beaucoup touchée et j’ai commencé à peindre des magnolias uniquement pour cette raison. C’est comme si je peignais un ami. Je me pose des questions et je le laisse m’accompagner.

AMEDEO: Ce blanc, je le vois un peu sur toutes les oeuvres au mur, il prend beaucoup de place. Est-ce qu’il a un rôle de liant, ou c’est autre chose?

MINGJUN LUO: La blanc, c’est une question de lumière. J’ai appris la peinture européenne en Chine et mon blanc est différent, parce que je ne suis pas une peintre classique. Je travaille sur une toile brute, naturelle, et je ne peins que le blanc. C’est comme si je ne peignais que la lumière.

AMEDEO: Il y a deux autres œuvres récentes sur le mur en face du magnolia, une d’une mer en gros plan et une autre d’une rambarde de balcon, vue depuis une chambre. C’est assez impressionnant: ce sont de grands dessins à échelle humaine. Et il y a ce sentiment du regard vers l’extérieur, de la perspective qui regarde dehors. Comment pensez-vous ces œuvres?

MINGJUN LUO: C’est intéressant; je pense que vous touchez un point avec cette idée de regard dehors, de regard lointain. On ne sait pas si ce lointain se passe dans le futur ou le passé. Là, c’est récent. Après le covid, j’ai reçu une invitation pour une résidence d’artiste à Okinawa et là-bas c’est plein de vert, c’est très coloré. Ça m’a donné envie de mettre un peu de couleur dans mon travail. Mais je le fais avec prudence, parce “plein de couleurs” ce n’est pas moi. Alors je mets de la couleur petit à petit. Et ça c’est du dessin en pastel bleu.

AMEDEO: J’avais évoqué tout à l’heure la sensation photographique de l’œuvre dans laquelle vous avez peint votre fils; est-ce que la photographie est un médium que vous utilisez? Ou est-ce que je me trompe totalement et c’est un dessin d’observation?

MINGJUN LUO: Durant mes études, j’ai beaucoup travaillé le dessin ou la peinture d’observation, avec de vrais modèles. D’ailleurs, vous pouvez voir, dans une autre chambre, quelques-uns de ces travaux. Mais plus tard, comme je travaillais sur la mémoire, je me suis intéressée à la photographie et au cinéma. Au lieu de prendre des notes, par exemple, j’utilise souvent mon téléphone pour prendre des photos. Puis je travaille à partir de ces photos.

AMEDEO: On sait que tu travailles beaucoup dans ton atelier. Et en arrivant ici on voit toutes ces œuvres on se dit: “l’inspiration et la création sont constantes”. Est-ce qu’il y a des moments où l’inspiration se fait désirer? Des sortes de déserts?

MINGJUN LUO: L’envie est toujours là et les idées sont toujours là, mais ce qui peut bloquer c’est comment réaliser ces idées. Ce n’est plus comme durant mes études: vous seriez venu pour poser, je vous trouverais très beau avec vos cheveux et je commencerais à vous peindre. Et je ne chercherais pas. Mais aujourd’hui, je travaille différemment. Il ne s’agit pas seulement d’observer et de réaliser un portrait ou un paysage. Je suis comme traversée par un thème ou une idée et je voudrais montrer cette idée à l’audience; alors je cherche comment réaliser cela, quels matériaux utiliser, quelle taille lui donner. Et ça prend beaucoup de temps de chercher. Et évidemment, il y a des moments, comme pour tout le monde, où j’ai besoin de me ressourcer. Faire un voyage par exemple, ou aller au musée voir les travaux des autres…

AMEDEO: Merci beaucoup!

MINGJUN LUO: Merci à vous!

 

°°

ART’S COOL autrement dit “Art is cool”!

C’est un rendez-vous avec une œuvre d’art contemporain suisse regardée, expertisée et questionnée par des jeunes gens auxquels répond à sa façon l’artiste qui a réalisé l’œuvre. C’est simple, non?

Durant cette troisième saison, notre podcast invite les jeunes à dialoguer avec les artistes dans leurs ateliers, quelque part en Suisse. Chaque épisode vous plonge au cœur de la création artistique à travers deux séquences complémentaires: d’abord une exploration immersive de l’atelier, puis une discussion autour d’un objet intriguant. Aujourd’hui, Amedeo a rencontré l’artiste Mingjun Luo dans son atelier à Bienne (Berne).

Collectionnons l’art contemporain avec nos oreilles! Le site artscool.ch rassemble tous les épisodes diffusés depuis l’automne 2021. Une collection variée et grandissante! Vous y trouverez aussi les portraits des jeunes aficionadas et aficionados d’art contemporain, les mini bio des artistes interviewés ainsi que les photos des œuvres.

Si vous souhaitez contribuer au rayonnement du podcast ART’S COOL n’hésitez pas à en parler autour de vous, à vous abonner et à lui attribuer cinq étoiles sur votre plateforme d’écoute préférée. Vous pouvez aussi nous suivre sur Instagram, sur le compte young_pods.

Le podcast ART’S COOL est réalisé et diffusé grâce au précieux soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Ernst Göhner, de la Fondation Françoise Champoud, de la Fondation Leenaards, de la Fondation Oertli, de la Fondation Sandoz, des cantons de Berne, Valais, Vaud.

Remerciements à l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) pour les sources biographiques des artistes.

Interview et voix: Florence Grivel.
Musique et habillage sonore: Christophe Gonet.

C’est une production Young Pods.